Les stocks de brut américains ont connu une chute spectaculaire de 5 millions de barils alors que les analystes tablaient sur une diminution de moins de 1,8 million de barils. La première économie de la planète n'est pas prête à céder son leadership. Elle continue à afficher des indices souvent contradictoires, semaine après semaine, à l'image de l'économie mondiale en réminiscence. Les résultats qu'elle affiche, demeurent toutefois, son principal aiguillon. Le marché pétrolier en apporte la preuve. Cotation du billet vert par rapport à la monnaie unique européenne, rapport hebdomadaire du DoE, chiffres de l'emploi aux USA... sont autant de repères qui renseignent sur l'état de santé de la croissance de l'économie de la planète. Les cours de l'or noir qui avaient reculé durant six séances consécutives il y a quinze jours et, qui ont accusé une perte de près de 7 dollars en l'espace d'une semaine, à 72,14 dollars, ont repris du poil de la bête. Les prix du pétrole ont nettement rebondi mercredi à New York, après donc six séances de repli. Le baril grimpant de près de 3% à 74,09$, en augmentation de 2,09$ par rapport à la clôture de mardi dans le sillage des marchés nord-américains qui ont eux aussi terminé sur une note positive. «Ce n'est rien d'autre que l'anticipation d'une diminution des réserves de pétrole avant le rapport de demain (jeudi, Ndlr)», avait fait remarquer l'analyste de MF Global Mike Fitzpatrick. La publication du rapport hebdomadaire du département américain de l'Energie ayant été reportée d'une journée. L'agence Dow Jones Newswires, créée en 1982, ayant pour mission de fournir des informations aux experts du monde financier en quasi-temps, avait recueilli l'avis de certains analystes qui laissaient entendre que les stocks de brut auraient reculé de 1,8 million de barils la semaine dernière. Quelles en sont les raisons? «La météo a affecté les importations avec la tempête Alex qui a sévi dans le golfe du Mexique», a affirmé Andy Lipow, de Lipow Oil Associates. Quant aux stocks d'essence, la baisse annoncée devait atteindre les 500.000 barils. Il faut signaler que ces prévisions sont tombées au moment où la saison des grands départs estivaux bat son plein. Le 4 juillet, jour de la Déclaration d'indépendance des Etats-Unis, marque traditionnellement un pic de consommation de carburants en raison d'importants déplacements en voiture. Les stocks de produits distillés (gazole et le fioul de chauffage inclus), selon les toutes récentes estimations, auraient dû, par contre, connaître une hausse près de 1,5 million de barils. Jeudi, coup de tonnerre. Les analystes, qui tablaient sur une baisse limitée à 1,8 million de barils, ont été pris à contre-pied. La baisse des stocks de brut la semaine passée aux Etats-Unis aura finalement atteint le chiffre record de 5 millions de barils. Les observateurs les plus avisés auront été pris de court. «On a eu plusieurs indicateurs économiques haussiers qui ont permis au marché de commencer la journée dans la bonne direction, et puis on a appris que les stocks de brut avaient connu une baisse d'une ampleur étonnante», a reconnu Jason Schenker, de Prestige Economics. D'autres facteurs se sont cependant greffés à cette chute spectaculaire des stocks de brut: l'ouragan Alex dans le sud du golfe du Mexique où se concentre le quart de la production de brut des Etats-Unis qui a brièvement affecté une partie de la production de brut de la zone et retardé les importations et les nouvelles inscriptions au chômage aux Etats-Unis, qui ont reculé plus que prévu lors de la semaine achevée le 3 juillet à 450.000 après avoir atteint 475.000 la semaine précédente. Autre signe qui laisse augurer d'une bonne tenue des cours de l'or noir: la demande des USA qui affiche une progression de 5,1% sur douze mois, à 19,3 millions de barils par jour, selon les experts du département américain de l'Energie. Cet optimisme demeure toutefois tempéré: «Le marché reste bien approvisionné, comme c'est le cas depuis plus d'un an, à moins que les stocks de brut ne baissent de sept millions de barils par semaine pendant trois mois, il sera difficile de se montrer excessivement positif concernant ces chiffres», a estimé Tom Bentz, de BNP Paribas. A chaque semaine suffit sa peine. L'Opep, pour le moment, se frotte les mains: les prix du pétrole continuent d'évoluer autour des 75 dollars.