Les camps de réfugiés sahraouis ont observé une grève de la faim de vingt-quatre heures, samedi, en solidarité avec la quarantaine de détenus politiques qui se sont abstenus de s'alimenter depuis plus d'un mois. La question des droits de l'homme au Sahara occidental tient une place centrale dans les négociations entre le Maroc et le Front Polisario. Le secrétaire général de l'Organisation des Nations unies et son représentant personnel dans ce conflit, ne peuvent l'ignorer. Les forces d'occupation marocaines qui s'opposent à ce que la Mission des Nations unies pour l'organisation d'un référendum au Sahara occidental (Minurso), soit dotée de prérogatives qui permettraient de les faire respecter, ont intensifié leur politique de répression ces derniers mois. Et comme il fallait s'y attendre, les populations sahraouies sévèrement réprimées et privées de leurs droits les plus élémentaires, se sont révoltées. Le dernier rapport du secrétaire général est au coeur même de ces mouvements pacifiques de protestation contre les arrestations arbitraires et la répression aveugle qui cible en priorité les militants des droits de l'homme sahraouis. Il a été très sévèrement critiqué par l'Observatoire international des ressources naturelles du Sahara occidental (Wsrw). L'ONG internationale vient en effet de saisir le Conseil de sécurité qui doit, rappelons-le, proroger d'une année supplémentaire le mandat de la Minurso, qui expire le 30 avril 2010. Elle met en exergue l'absence d'un mécanisme de supervision des droits de l'homme que Ban Ki-moon a omis de proposer dans le dossier qu'il a remis au Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations unies. Un oubli «extrêmement malheureux», a jugé l'Observatoire international des ressources naturelles du Sahara occidental qui a mis l'accent sur la violation des droits de l'homme et le pillage des ressources naturelles à maintes fois mentionnés par les organisations internationales. «Nous trouvons incompréhensible que le rapport ne fasse aucune mention de l'actuelle exploitation illégale des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc. Nous répétons que ces activités sont menées en contravention de nombreuses résolutions de l'Assemblée générale de l'ONU et des obligations internationales du Maroc relatives à l'article 1 des Pacte international relatif aux droits civils et politiques et Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels», fait remarquer le texte adressé aux membres du Conseil de sécurité et signé par la coordinatrice internationale de Wsrw. Western Sahara Resource Watch a été créée en 2004. Solidaire du peuple sahraoui, elle n'a eu de cesse de dénoncer l'exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental par le Maroc, en partenariat avec des entreprises étrangères, en ce qui concerne particulièrement le phosphate, la pêche et le pétrole. En plus de cet aspect économique du conflit du Sahara occidental, moins médiatisé que le volet politique, la question du respect des droits de l'homme occupe de manière récurrente et quasiquotidienne le devant de la scène tant la répression est violente. Trente-huit sur une soixantaine de prisonniers politiques détenus dans les geôles marocaines sont entrés dans une grève de la faim illimitée depuis plus d'un mois pour protester contre les conditions de leur détention. Le comité de leur suivi a appelé jeudi, dans un communiqué rendu public, la communauté internationale à «intervenir en urgence pour sauver la vie de ces prisonniers politiques d'une mort imminente et éviter une catastrophe humaine». Un cri de détresse que les réfugiés sahraouis des camps de Tindouf, des territoires occupés, ou de l'étranger ont entendu. A l'appel du gouvernement de la Rasd, ils ont observé une journée de grève de la faim samedi en solidarité avec les 38 militants qui refusent de s'alimenter depuis plus de trente jours. Six d'entre eux ont été interpellés le 13 octobre 2009 à leur descente d'avion à l'aéroport de Casablanca après leur retour d'une visite dans les camps de réfugiés de Tindouf. Ils sont détenus à Salé. L'organisation Amnesty International s'est dite «préoccupée» par leur état de santé, dans un récent rapport. Une situation qui devrait interpeller au plus haut point Ban Ki-moon qui, à défaut, risque de se discréditer aux yeux des responsables sahraouis mais aussi de toute la communauté internationale qui garde en mémoire l'affaire Aminatou Haïdar.