C'est une question de mentalité, de culture de consommation, car la viande congelée recèle les mêmes qualités nutritives que la viande fraîche. Boudée dès les premières importations au début des années 70, la consommation de la viande congelée a conquis, peu à peu mais sûrement, sa place sur les tables des foyers algériens. Economie oblige! Cédée à moindre prix que la viande fraîche, elle a su se placer surtout dans l'approvisionnement des restaurants «chics» ou autres établissements alors que les fabricants de merguez et les transformateurs de viandes ne s'en privent pas du tout ni ne s'en cachent. Mais cette viande est boudée non pas pour sa qualité mais pour d'autres raisons subjectives. Certains, par pudeur, pour cacher la dégradation de leur pouvoir d'achat, d'autres par fierté de peur qu'ils ne soient classés parmi la plèbe. Tout un chacun a sa raison, mais force est de constater que la viande congelée, tout comme le poisson ainsi conditionné, se vendent bien. Pour preuve, les nombreuses nouvelles échoppes qui ouvrent dans tous les quartiers de la ville, aussi bien huppés que populaires. En fait, c'est une question de mentalité, de culture de consommation car la viande congelée recèle les mêmes qualités nutritives que la viande fraîche. Elle est du reste largement consommée de par le monde. La certitude est que la majorité des viandes hachées servie dans nombre de restaurants et fast-food, provient de viande congelée. Abordée au volant de sa voiture, une dame confiait que jamais un gramme de viande congelée n'a pénétré chez elle. Et de poursuivre, qu'un membre proche de sa famille, haut fonctionnaire de son état, avait été chargé à l'époque de négocier des importations de poisson congelé d'un pays africain. Dans la description de sa mission, dit-elle, il avait brossé un tableau peu reluisant des conditions d'hygiène dans lesquelles ce poisson était congelé! «Depuis ce temps, nous ne consommons plus de congelé, ni de poisson ni de viande d'où qu'ils viennent» a-t-elle assuré avec un rictus de dégoût quant à l'hygiène observée lors des manipulations décrites. Après le marché de viande ovine du Soudan, qui a été définitivement abandonné pour des raisons qui restent pour le moins obscures, arrive sur le marché de l'importation de la viande de buffle d'Inde qui fait des «vagues». Pour garnir la table des ménages durant ce ramadhan, 10.000 tonnes de viande indienne, de buffalo seront importées de l'Inde. C'est la première fois que l'Algérie décide de s'approvisionner auprès de ce pays. Depuis plus de deux décennies en effet, l'essentiel de nos importations en matière de viande congelée et désossée se faisait auprès de fournisseurs d'Amérique latine, d'Océanie et de l'Europe. Le principal fournisseur de l'Algérie de viande étant le Brésil avec plus de 22.000 tonnes, suivi de l'Uruguay avec 1323 tonnes. L'Algérie importe de la viande rouge congelée de plusieurs autres pays tels que l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Argentine, le Brésil, le Salvador, l'Uruguay, le Danemark, la Géorgie et l'Italie. Pour approvisionner le marché algérien en viande bovine et afin de satisfaire la grosse demande des consommateurs durant le mois de Ramadhan, les autorités algériennes avaient décidé, au cours du printemps dernier, de conclure des contrats avec des entreprises indiennes pour la fourniture de viande congelée et désossée.