Il profite de la réserve de l'opposition de gauche qui répugne à répondre aux projets gouvernementaux, craignant de faire le jeu du président en se plaçant sur son terrain favori, la sécurité. Dénonçant une dérive vers l'extrême droite, l'ex-Premier ministre français, Dominique de Villepin, se pose comme l'opposant le plus radical au président Nicolas Sarkozy, toutes tendances politiques confondues, l'oeil rivé sur la présidentielle de 2012. Aristocrate élancé, volontiers grandiloquent, Dominique Galouzeau de Villepin est un ancien homme de l'ombre devenu Premier ministre sans jamais avoir affronté le suffrage universel. C'est le point faible de celui qui, à droite, est l'ennemi juré de Nicolas Sarkozy. «Il y a aujourd'hui sur notre drapeau une tache de honte». La charge contre la politique de sécurité et d'immigration du président français, lancée lundi dans les colonnes du journal Le Monde, est d'une rare violence. La haine entre les deux hommes, rivaux dans la course à la succession de Jacques Chirac, est féroce. «Nicolas Sarkozy avait promis de me pendre à un croc de boucher», assurait, fin 2009, Dominique de Villepin, alors jugé pour avoir participé à une machination visant Nicolas Sarkozy, l'«affaire Clearstream». Dominique de Villepin a été relaxé par la justice alors que pesait sur lui l'accusation d'avoir voulu discréditer Nicolas Sarkozy, cité dans une complexe affaire de corruption, lorsque tous deux servaient dans le gouvernement de Jacques Chirac et étaient concurrents dans la course à la présidentielle 2007. Relancé en politique par ce jugement, Dominique de Villepin a créé son propre mouvement, sans quitter formellement le parti présidentiel UMP. Il pilonne la politique de Nicolas Sarkozy qu'il accuse de diviser les Français, se pose en défenseur de l'intérêt général et brandit l'étendard gaulliste. Il ne fait que donner cours à un «vieille petite haine recuite», a minimisé hier le ministre de l'Industrie Christian Estrosi, proche de Nicolas Sarkozy. «J'ai toujours pensé que ma famille politique d'origine, qui est l'UMP, n'avait pas vocation à être tirée vers l'extrême droite comme elle l'est aujourd'hui», a insisté hier Dominique de Villepin. En dénonçant une politique sécuritaire «indigne, inefficace, dangereuse», Dominique de Villepin, 56 ans, se place dans le sillage des critiques exprimées par le pape Benoît XVI et à l'étranger après les expulsions de Roms vers la Roumanie et la Bulgarie. Il profite de la réserve de l'opposition de gauche qui répugne à répondre aux projets gouvernementaux, craignant de faire le jeu du président en se plaçant sur son terrain favori, la sécurité. Si ses accusations sont généralement jugées excessives par la droite, un autre ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin, a dénoncé hier «une dérive droitière qu'il convient de corriger» à l'UMP sur la sécurité. «La rupture au sein de la droite paraît consommée (...). L'ancien premier ministre voit là l'occasion de marquer sa différence et de fédérer une sorte de "tout sauf Sarkozy" qui dépasse les repères droite-gauche», a estimé le quotidien Le Monde dans son édition datée d'aujourd'hui. Passionné par Napoléon, Dominique de Villepin a été le bras droit de Jacques Chirac à l'Elysée de 1995 à 2002. Devenu ministre des Affaires étrangères, il avait connu son heure de gloire en février 2003 en portant le «non» de la France à la guerre en Irak, dans un discours à l'ONU resté célèbre. Ministre de l'Intérieur en 2004, il prend la tête du gouvernement en 2005 sans parvenir à barrer la route à Nicolas Sarkozy à la présidentielle de 2007. L'affrontement avec Nicolas Sarkozy connaîtra un nouvel épisode judiciaire au printemps 2011, lors du procès en appel de Clearstream. Un an tout juste avant l'élection présidentielle de 2012.