Partie de Londres, la campagne contre l'argumentaire de l'invasion de l'Irak bat son plein à Washington. L'histoire des armes de destruction massive (AMD) ne serait qu'un montage destiné à justifier une entreprise que l'opinion mondiale avait jugé coloniale impériale dès le départ et qu'elle a condamnée comme telle. L'accusation est d'autant plus lourde de sens qu'elle est reprise par les establishments qui avaient donné carte blanche à ses instigateurs. Bush et Blair n'ont pas fini de savourer leur victoire qu'ils sont rattrapés par leur propres parlements. En s'emparant de la question, les Communes (GB) et le Congrès (USA) disent remplir leur mission qui, au-dessus de tout, est de veiller à ce que leurs pouvoirs respectifs exercent leurs prérogatives dans la transparence et loin de tout mensonge. Si les enquêtes aboutissent, Bush et Blair auront à répondre de délits infamants (parjures et mensonges) et seront même contraints de jeter le gant, comme l'avait fait, par exemple, le président américain Nixon après le scandale du Watergate. L'affaire tombe mal pour eux, ils doivent tous les deux se représenter devant leurs électeurs en 2004. Leur mise en examen a été initiée par leurs oppositions. Au Congrès, ce sont les démocrates qui s'agitent bruyamment, et, au sein des communes, le bal est mené par les conservateurs avec l'appui d'une frange assez importante du propre parti de Blair (le Labour) qui rejette son trop appuyé américanisme. À vrai dire, l'affaire était entendue dès le départ, lorsque Bush devait expliquer à son opinion et aux peuples du monde entier les tenants et les aboutissements de son invasion de l'Irak. La détention d'ADM par Sadam n'a convaincu personne, l'AIEA et la Cocovinu n'ayant apporté aucune preuve palpable. Quant à ses supposés liens avec Ben Laden, hormis l'éphémère et rocambolesque participation d'une poignée de mercenaires arabes à quelque baroud d'honneur avant la chute de Bagdad, rien d'autre n'a été encore révélé. Bush et Blair invoquent pour leur défense des dossiers ficelés par leurs propres services de renseignement. Ils pourraient, de ce fait, échapper à d'éventuelles poursuites, en contrepartie, la CIA et l'ISC (britannique) auront pour leur grade. Par ailleurs, avant que n'éclate l'affaire, le numéro deux du Pentagone, Paul Wolfowitz lui-même, devait avouer que l'histoire des ADM est juste un prétexte “administratif”. Le concepteur de l'unilatéralisme américain n'a pas été avare en ce qui concerne l'arrière-plan géostratégique de l'invasion de l'Irak et sa mise en application est même en œuvre. L'ONU est réduite à une organisation humanitaire, l'UE n'a pas d'autre issue que de faire l'appendice de l'atlantisme, la Russie est domptée, la Chine n'a pas fini de payer le prix de sa mondialisation et les pays arabes doivent se consoler d'une paix des braves avec Israël que Bush va sauver du naufrage financier. Il reste qu'avec cette affaire des AMD, Bush et Blair se sont trouvés dans la situation de “l'arroseur arrosé”. Leurs opinions savent maintenant que chez eux aussi le bobard peut être érigé en ligne de conduite par leurs propres gouvernements. Tout le monde sait aujourd'hui que la désinformation et la diabolisation peuvent être des armes fatales, que les assertions les plus absurdes peuvent être opérationnelles et que les manipulations médiatiques, même si elles sont attentatoires à tous les principes de la morale, peuvent justifier l'injustifiable. C'est d'autant plus absurde que cela fonctionne avec plus d'efficacité, grâce notamment aux nouvelles technologies de la communication qui ont fait de la planète Terre un vaste village. D. B.