Lors d'une conférence de presse tenue récemment, les opérateurs économiques de la wilaya de Batna, ont exprimé leurs craintes vis-à-vis de l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (Zale). Qualifié de périlleux, cet engagement, selon eux, risque d'avoir de graves retombées sur l'économie, nationale certes, mais aussi locale. Les opérateurs économiques de Batna se disent non préparés à une telle ouverture déplorant le fait que leurs représentants n'ont pas été consultés à ce sujet. “On ne peut être concurrentiels dans les conditions actuelles, surtout au niveau des prix, car nous avons beaucoup de charges fiscales, parafiscales et douanières qui nous fragilisent face à des productions soutenues”, nous explique-t-on avant de souligner “M. Réda Hamiani, M. Slim Othmani et M. Issad Rebrab du FCE, ont très bien exprimé nos appréhensions”. Selon les opérateurs locaux de Batna, c'est étonnant de voir le gouvernement ouvrir les frontières économiques à nos frères arabes et de la sorte, dans une conjoncture économique menaçante. “Certains nouveaux investisseurs vont mettre la clé sous le paillasson avant de commencer l'exploitation”, disent-ils. Ils avancent l'exemple des industriels du textile et du cuir qui ont disparu du paysage économique. A Batna, il ne reste que la Cotitex, une entreprise publique qui continue à exister grâce à son contrat avec l'armée. Parlant du concept de réciprocité, ils citeront le cas de la balance des paiements hors hydrocarbures avec la Tunisie. “Déjà, sans cette adhésion, on trouve des difficultés à faire face à leurs tomates en conserve et pâtes que les contrebandiers mettent sur le marché local”, explique un opérateur. “De quelle compétitivité parlons-nous et que pouvons-nous vendre aux 10 millions de Tunisiens au faible pouvoir d'achat contre les 35 millions que compte le marché algérien”. Déjà durement éprouvés par les produits de contrefaçon bradés à bas prix qui inondent le marché national, les industriels de Batna rappellent les peines qu'ils trouvent pour exporter leurs productions. “Les taxes douanières nous brisent le dos, des fois on paie 30% de taxes sur certaines matières premières importées”, précise-t-on. “Comment peut-on concurrencer un opérateur arabe exonéré de toutes taxes”, se plaint un industriel. Aux contraintes financières s'ajoutent les problèmes de transport. “Il faut compter des mois d'attente au niveau des ports avec les frais de stockage, des avaries et même des vols qui en découlent qui viendront se greffer sur le prix de cession au consommateur”, continue-t-on d'expliquer. “J'ai 120 travailleurs, j'ai prévu l'extension de mon affaire pour arriver à 200 travailleurs, mais, il est impossible pour moi de le faire si cette décision est appliquée à la lettre”, explique un ex-commerçant reconverti dans la production. Batna compte au moins 100 industriels qui risquent d'y laisser des plumes avec le démantèlement tarifaire avec nos frères arabes. Une ouverture qu'on juge ici sans impact positif sur la valeur ajoutée, sur la création de la richesse et, surtout, sur l'emploi. Face à l'adhésion à la Zale, deux solutions de survie existent pour l'économie nationale. L'importation de la main- d'œuvre étrangère, asiatique de préférence, et/ ou la délocalisation, avec comme pays d'accueil d'excellence la Tunisie et l'Egypte. C'est ce qu'on chuchote à Batna F. Lamia