Dans cet entretien, Houria Bouhired regrette que les grands projets promus par l'Etat soient confiés à travers des artifices juridiques et réglementaires, notamment ceux du code des marchés publics, à des structures d'études étrangères. Liberté : En tant que présidente d'honneur du CNOA, qu'attendez-vous des réformes annoncées par le ministre ? Houria Bouhired : Les travaux des congrès ordinaire, thématique et électif des architectes, qui se sont déroulés à l'hôtel Safir Mazafran de Zéralda les 18 et 19 décembre dernier, se sont soldés par le renouvellement des instances nationales de l'ordre. Nous tenons avant tout à adresser nos vifs remerciements à M. le ministre de l'Habitat et de l'Urbanisme pour les efforts qu'il déploie pour faire sortir ce secteur du marasme et de l'anarchie qui l'ont caractérisé dans un passé récent. C'est aussi une occasion pour moi et pour notre corporation d'exprimer notre reconnaissance pour ses positions courageuses concernant l'action de réhabilitation et de restructuration de notre corporation. Ces turbulences sont dues en grande partie à la fragilité et dans certains cas à l'absence de codification de l'intervention aussi bien des professionnels que des instances de l'ordre. Ajoutez à cela l'absence de clarté du rôle et de la mission de l'architecte dans l'acte de bâtir. Ceci n'a pas été sans conséquences négatives sur la consolidation des réformes engagées par les pouvoirs publics, notamment en matière de participation active des professionnels et tout particulièrement en ce qui concerne les rôles et les missions des professionnels dites réglementaires dans l'encadrement et la promotion de l'expertise nationale. Expliquez-vous... Ces professionnels qui ont la lourde charge de soutenir et de maintenir la nouvelle dynamique de renouveau que les pouvoirs publics ont engagée pour sortir le pays de la situation que nous connaissons et particulièrement en ce qui concerne le secteur de l'urbanisme et de la construction. Ces professionnels au lieu d'être des concepteurs et des maîtres d'œuvre au sens propre du terme sont aujourd'hui soit marginalisés, soit relégués à des tâches subalternes de producteurs de plans ou de soutien techniques à l'entreprise. À ce titre, les grands projets promus par l'Etat sont confiés à travers des artifices juridiques et réglementaires, notamment ceux du code des marchés publics, à des structures d'études étrangères. Cette situation est dramatique pour le pays dans la mesure où la stratégie de transfert de technologie mise en place par les pouvoirs publics ne peut en aucun cas atteindre ses objectifs. Et quelles sont vos propositions ? Notre secteur, qui connaît des formes de stagnation sur le double plan de la qualité et du coût des investissements publics colossaux engagés, doit impérativement connaître des évolutions si nous voulons sortir des impasses. Ces préoccupations font l'objet de larges débats et recommandations lors des assises de l'architecture. Malheureusement, la prise en charge de ce type de préoccupations n'est pas envisageable dans la mesure où notre corporation n'est pas capable d'assumer ses responsabilités et ses missions. C'est pour cela, si vous le permettez, que j'insiste sur la discipline à l'intérieur de la corporation. Après quatre années d'exercice et de missions difficiles que j'ai assumées en tant que présidente du CNOA, j'ai eu cette opportunité d'observer et de relever les insuffisances et les limites de notre organisation. En effet, nous avons constaté qu'une partie importante de notre corporation s'est désintéressée totalement de la profession et une autre n'est interessée que par les dividendes que procurent les positions qu'ils pouvaient occuper au sein de la corporation. L'action de restructuration menée tambour battant et qui s'est achevée à travers la validation des élections des nouveaux conseils locaux de région et des délégations de wilaya nous permettra de consolider notre ordre pour qu'il puisse assumer convenablement ses missions et jouer son rôle dans l'édification d'une Algérie authentique. A. F.