Les abonnés de Sonelgaz étaient déjà habitués à l'agacement vécu à longueur d'année. On maugrée, on maudit et on insulte en sourdine et on finit par s'accommoder, en dînant à la bougie ou à la torche, en se couchant plus tôt que d'habitude, en différant au lendemain une tâche même urgente ou en se privant, avec une grande désolation, de son JT ou du match tant attendu. C'était l'automne, l'hiver ou le printemps. Malgré soi, on se devait de subir le désagrément. L'été, la canicule, conjuguée à une vie étroitement dépendante de l'énergie électrique, se traduit par un véritable enfer. Aux “habituelles” privations diverses s'ajoutent l'empêchement étreignant du sommeil, le “luxe” d'une désaltération à l'eau fraîche, le grand risque de la contamination de nombre de denrées alimentaires et même la dissipation de l'envie de travailler dans les conditions rendues difficiles. Chez le commerçant, le gâchis se chiffre en dinars lourds et en manque à gagner substantiels. À qui se plaindre ? Las du véritable casse-tête, ils sont de plus en plus nombreux à s'équiper en groupes électrogènes. Des équipements qui, par leur prolifération, entreposés sur les trottoirs, devant les commerces, transforment, de temps à autre, certaines agglomérations, à l'instar de Bouguirat, en une gigantesque usine. Quotidiennement, notamment lors des heures dites de pointe, les coupures et les chutes de tension s'alternent, à travers la wilaya de Mostaganem. Pourtant, l'Etat n'a jamais lésiné en matière de financement. À la faveur d'une rente pétrolière particulièrement grasse, des investissements colossaux ont été consentis jusque-là. En matière d'équipement et de technologie, l'Algérie a pleinement la faculté de rivaliser avec nombre de pays dits développés. Malheureusement, la gestion, la maintenance et la prestation de service nous rappellent notre infaillible appartenance au tiers-monde ! Et c'est l'usager qui subit, avec amertume, désagrément et caprices inopinés. À force de les entendre évoquées, les raisons du calvaire sont connues de tous. Autrefois, c'était la saturation du réseau de distribution vétuste, sinon la pollution ou les intempéries. À ce prétexte initial, la “faute” sera endossée par les agriculteurs, dont les pompes immergées servant à l'irrigation consommeraient énormément d'énergie électrique. Depuis quelque temps, la “démocratisation” du climatiseur, appareil électroménager ayant abandonné son statut d'équipement de luxe qui est monté au créneau, pour expliquer l'incapacité de l'entreprise à satisfaire le besoin, qui a certes énormément augmenté. Le délestage demeure l'ultime “excuse”. D'une durée “officielle” exacte de 33 minutes par jour, même s'il intervient à des heures jamais prévisibles, il est, malgré tout, aisément admis, du moment qu'il reste limité dans le temps. Eu égard aux installation dotées d'une technologie de pointe, on espérait que le projet allait se traduire par une amélioration tant en quantité qu'en qualité de la distribution de l'énergie électrique à l'échelle locale et régionale. Hélas ! La situation ne semble guère s'améliorer et il ne semble pas qu'on vivra demain ce luxe ! M. O. T.