Le but de Antar Yahia qui a foudroyé Issam El-Hadari a été un avant-goût de ce qui allait se passer après le match. Déjà, juste avant la pause, des dizaines de jeunes, drapeaux à la main, ont commencé à sillonner les artères de la ville. Et puis, ce fut le silence après la reprise dans la mesure où tout le monde s'est terré qui à l'intérieur de son domicile, qui devant l'écran géant pour suivre la suite de cette grande explication continentale. Ce fut la manche la plus longue et les minutes arrivent difficilement à s'égrener et ce, à l'encontre de l'adversaire qui jouait contre la montre dans l'espoir de remettre les pendules à l'heure. Devant leurs tubes cathodiques, les visages des téléspectateurs étaient crispés. Les plus nerveux suivaient la rencontre en groupe. Les parades de Chaouchi, l'homme du match, donna des assurances. La qualification se dessinait au fil du temps. Dans des cafés personne ne veut s'assoir. L'enjeu est trop grand pour se permettre ce luxe. L'intensité gagna tout le monde. Les quatre minutes de temps additionnel ajoutées par M. Maillet s'avérèrent trop longues. Le plus serein des Témouchentois ne put contrôler ses gestes. Et puis vint le coup de sifflet libérateur de l'arbitre. Chaouchi, Halliche, Ghilas, Ziani et leurs camarades venaient d'entrer dans l'histoire. L'Algérie vient d'arracher son ticket pour l'Afrique du Sud. Tout le monde à Aïn Témouchent et ses environs est sorti dans la rue pour manifester sa joie. Plusieurs jeunes ont lâché, ne pouvant contenir leurs larmes, ils se sont carrément évanouis. La passion était trop forte. Des femmes âgées, des jeunes filles, des vieux se sont joints à la liesse qui ressemble étrangement à celle vécue un certain 5 Juillet 1962. Je ne pouvais décrire, les larmes aux yeux, cette page de l'histoire du football algérien qui vient de reprendre sa place dans le gotha mondial. Aïn Témouchent, ses 28 communes et tous les douars avoisinants vivaient au même rythme. Des cortèges interminables de véhicules drapés des couleurs nationales prenaient toutes les directions à travers rues et ruelles. Les one, two, three étaient repris par des milliers de voix. Un groupe de jeunes n'a pas trouvé mieux que de nous annoncer que c'est là la meilleure réponse à Zaher, le président de la fédération égyptienne de football. La fête ne fait que commencer. Des soirées improvisées ont commencé à être animées à travers les placettes du chef-lieu de wilaya, Hammam Bou Hadjar, Béni-Saf, etc.