Des chantiers de bâtiment importants à l'arrêt, d'autres paralysés et des milliers de salariés impayés, des commissions d'ouverture de plis bloquées au niveau national, c'est le triste tableau que du secteur du bâtiment après plus de deux mois de grève des travailleurs des directions du logement et des équipements, et de l'urbanisme. La prochaine rentrée scolaire risque d'être compromise, dans plusieurs wilayas, en raison de lenteurs observées dans la réalisation de certains projets d'établissement scolaire. “On ne peut rien faire sans la présence indispensable des techniciens de la Dlep et de l'urbanisme sur le chantier”, affirme un entrepreneur en charge de la réalisation d'un lycée dans la wilaya de Boumerdès. Le projet, dont la réception est prévue pour le mois de septembre prochain, ne sera jamais livré à cette date, assure-t-il. À Alger, plusieurs projets relevant du secteur du bâtiment, tels que logements, établissements scolaires, hôpitaux et autres équipements, sont sérieusement perturbés. “Faute de règlements de nos situations, ont est contraints d'arrêter les travaux”, nous confie un responsable d'une entreprise des travaux publiques qui réalise 200 logements LSP à El-Harrach. Un autre ingénieur, dont l'entreprise réalise un lycée à Dar El-Beida, affirme qu'il a contracté un prêt de 5 milliards pour éviter la dissolution de sa société. D'autres entreprises engagées dans la réalisation du programme de 1 millions de logements ont été contraintes de mettre des centaines de travailleurs au chômage technique. C'est l'exemple de cette entreprise basée à Boumerdès, en charge de construire 200 logements sociaux-locatifs à Alger qui se trouve bloquée depuis plus de deux mois. “J'ai déposé les plans depuis plus d'un mois au niveau des services techniques, et j'attends toujours leur signature, alors que j'ai engagé des dépenses énormes pour entamer le chantier”, affirme son directeur. Son collègue engagé dans la construction d'un CEM et d'une école primaire dans la wilaya de Boumerdès vit lui aussi un véritable calvaire. “Nous avons des problèmes pour faire signer des attestations d'approvisionnement du chantier”, précise-t-il. Et d'ajouter : “De toute façon, ces deux structures scolaires ne seront pas prêtes l'année prochaine.” L'autre problème rencontré par les entreprises à l'échelle nationale concerne les soumissions qu'elles ne peuvent plus déposer au niveau des administrations, en raison du blocage des commissions d'ouverture des plis. En l'absence des représentants du secteur de l'urbanisme, ces commissions ne sont plus opérationnelles. Ainsi, de nombreux projets du plan quinquennal risquent eux aussi d'être retardés à cause de cette situation. Les tentatives faites par les responsables de la wilaya d'Alger pour convaincre les comptables des DUC de signer les situations des entreprises n'ont pas abouti. La même initiative a été prise par le wali de Boumerdès, pour éviter aux entreprises du bâtiment des conséquences dramatiques. Mais les travailleurs du secteur du bâtiment, qui poursuivent toujours leur mouvement de protestation, ne veulent rien savoir. “Nous sommes résolus à maintenir la pression en observant une grève illimitée tant que le ministre n'aura pas prêté une oreille attentive à nos légitimes revendications socioprofessionnelles”, affirment les responsables de la Coordination nationale des travailleurs de l'habitat et de l'urbanisme.