Résumé : Hassen était triste à l'idée de ne plus revoir Camélia. Il savait qu'elle l'aimait, mais refusait sa situation d'homme marié. Il avait pourtant été sincère avec elle... Tout compte fait, il avait compris qu'elle le fuyait. Il devrait coûte que coûte la revoir et discuter avec elle. Se rendra-t-il à la rédaction ou bien l'attendra-t-il devant son immeuble ? Il opte pour la seconde option. La journée s'étirait. Il avait sauté le déjeuner pour faire face à ses malades. En réalité, il trouvait refuge dans son travail et s'y plaisait. Camélia ne quittait plus ses pensées. Elle était devenue une partie de son âme... Il ne vivait plus que dans l'espoir de la revoir. La nuit commençait à étendre son voile. Une pluie fine s'était mise à tomber. L'assistante était partie depuis longtemps, et Hassen met de l'ordre dans son bureau, puis ferme son cabinet et s'installe dans sa voiture. Camélia travaillait parfois jusqu'à des heures tardives. Il prend un journal et tente de lire les dernières informations du jour. Mais il n'arrivait pas à se concentrer. Son esprit revenait sans cesse vers cette femme qui l'avait attiré dans un labyrinthe sentimental sans fin. Il relève la tête et jette un coup d'œil à l'immeuble d'en face. La fenêtre de sa chambre donnait sur la cour. Il espérait repérer un filet de lumière ou une ombre à l'intérieur. Mais la fenêtre demeurait close et sombre. Elle était encore au boulot. Il s'emmitoufle dans son manteau et met la radio. On diffusait de la musique orientale... Il aimait bien les airs lancinants du luth et se laissa aller sur son siège en refermant les yeux. Il s'était peut-être assoupi, car il eut juste le temps de rouvrir les yeux pour constater qu'un véhicule, tous phares allumés, venait de garer non loin du sien. Il se penche en avant et remarque qu'un couple discutait à l'entrée de l'immeuble. Il n'eut aucune peine à reconnaître Camélia. Elle était accompagnée d'un jeune homme. Qui était-il ? Un collègue ? Un ami ? Ou un amoureux ? Il sentit son cœur s'emballer. L'idée qu'elle puisse appartenir à quelqu'un d'autre le rendait fou. Cependant, la jeune femme, qui paraissait en pleine forme, continuait sa discussion au seuil du grand portail. Il l'entendait rire et la voyait gesticuler. Il voulait descendre et aller auprès d'elle. Mais la présence de cet homme le gênait. Il ne voulait en aucun cas lui attirer des ennuis. Il attendit encore quelque temps. Le jeune homme prend enfin congé, et Camélia se met à monter les escaliers. Hassen descendit hâtivement de son véhicule et se mit à marcher à grands pas, mais ne put rattraper la jeune femme. Il avait, deux secondes auparavant, entendu une porte claquer. Camélia venait de rentrer chez elle. Elle était là. À quelques mètres de lui. Et il ne pouvait même pas lui parler ! Il hésite encore une seconde... Son cœur lui demandait d'aller frapper à cette porte qui lui faisait face et derrière laquelle se cachait sa bien-aimée. Mais la raison lui dictait la prudence. Camélia n'approuverait sûrement pas son geste. On n'a pas idée d'aller frapper chez les gens à une heure aussi tardive. Quelqu'un pourrait aussi le surprendre et appeler la police. Après tout, il était encore un inconnu au quartier. Tel un automate, il redescendit les marches et se dirigea vers son véhicule. La pluie tombait toujours. Il sentit le froid lui pénétrer les os et son âme. Un froid glacial... Faisait-il réellement frais, ou était-ce juste son cœur qui le ressentait ? Il remonte dans sa voiture et met le contact. Camélia était dans sa chambre. Il voyait maintenant une lumière traverser les carreaux de la fenêtre. Il se dit qu'encore une fois il avait raté le coche. Fou de rage, il démarre en trombe. Quelque chose avait roulé sur sa joue, et il y porta la main pour constater que c'étaient des larmes. Il pleurait. Jamais de sa vie il n'avait pleuré pour une femme... Jamais de sa vie il ne s'était senti aussi triste ni aussi vulnérable. L'amour le rendait fou... Il écrasa l'accélérateur et dépassa la vitesse limitée. Il roulait sur une autoroute. Avec cette pluie nocturne et la circulation dense à cette heure-ci, il ne voyait pas trop bien. Il tente de se rabattre sur la file du milieu. Il braque vers la gauche, mais le volant lui échappe des mains. Sa voiture dérape tout d'abord, avant d'aller heurter la barrière de sécurité. Il sentit sa tête se balancer en avant, et le volant le heurter violemment. Le seul son qu'il put entendre avant de perdre connaissance était celui de son klaxon qui ne voulait plus s'arrêter. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email