Résumé : Nora quitte l'hôpital, récupère ses affaires et se rendit au commissariat pour signer une déclaration et libérer son mari. Ensuite elle se rendra dans une gare pour quitter la ville. Mais avant cela, elle songe à appeler ses parents... Sa mère ne semble pas enchantée par ce qu'elle lui racontait. Sa mère l'interrompt : -Ce que tu racontes là ne me plaît pas du tout. Ni à moi ni à ton père. Je crois que tu fabules ma fille. Retourne chez toi et demande rapidement pardon à ton mari... -Non, mère... Je ne retourne pas dans ce taudis que tu appelles mon chez-moi. Si vous ne voulez plus de ma présence chez vous, je vais devoir me débrouiller seule. -Mais c'est insensé... une fille de bonne famille ne fait pas ces choses-là ! -Assez ! Nora avait crié, et comme par magie, sa mère s'était tue. -J'en ai marre de vos préjugés et de vos tabous. Vous prétendez préserver votre honneur, alors que vous m'avez larguée comme une moins que rien à un homme sans foi ni loi...Vous m'avez bradée tel un vieux chiffon dont on ne voulait plus, et vous ne voulez plus m'assister dans le malheur que vous avez vous-même forgé... Merci ma chère maman d'avoir été l'instigatrice de ma disgrâce... Que Dieu vous pardonne... Vous ne me reverrez plus jamais. Elle raccroche et se rue à l'extérieur de la cabine pour se diriger vers un guichet. Elle prend le billet pour le prochain train qui se rendait dans une ville éloignée de plusieurs centaines de kilomètres de là. Par économie, elle avait opté pour un siège et non pour une couchette. Le train filait à travers la nuit, et dépassait des villages, et des villes. Nora repensait à la conversation qu'elle avait eue avec sa mère. Ses parents ne voulaient plus d'elle. Un deuxième divorce serait une offense pour eux. Un déshonneur... Elle ferme les yeux un moment, et se remémore tous les évènements qu'elle avait vécus ces derniers temps. On dirait que tout s'accélérait dans son existence. Un divorce, un remariage, un autre pays, une autre vie. En quelques jours, elle avait vécu ce qu'elle aurait pu vivre en toute une vie. Elle repense à Achour. L'avait-on libéré ce soir ? Puis elle hausse les épaules et se dit que malgré son refus de déposer plainte contre lui, ce dernier allait déposer une plainte contre elle pour abandon de foyer et abus de confiance. Des idées se bousculaient dans sa tête. Où va-t-elle comme ça ? L'inconnu lui ouvrait les bras. Dans quelques heures, elle arrivera dans une ville qu'elle ne connaissait pas. Où ira-t-elle en premier lieu... ? Dans un hôtel... ? Une auberge... ? Où bien demandera-t-elle de l'aide auprès d'une association de femmes en difficultés ? Ces associations existent à travers tout le territoire, mais il faudrait tout d'abord découvrir la ville et ses nombreux quartiers. Dieu y pourvoira, se dit-elle. Dieu n'abandonne jamais ses créatures... Il est clément et miséricordieux... Les larmes tracèrent de longs sillons sur ses joues. Elle les essuit d'une main rageuse, et regarde autour d'elle comme pour chercher du réconfort. Les gens dormaient sur leur siège. On avait baissé les lumières, et une faible clarté permettait aux voyageurs de se déplacer. Elle se lève et se rendit aux toilettes. Son visage était encore tuméfié, mais les hématomes commençaient à s'atténuer. Ses paupières, quoique toujours enflées, lui faisaient moins mal. Si Achour dépose plainte contre elle, et au cas où la police la retrouverait, elle pourrait toujours brandir les certificats médicaux délivrés par les médecins de l'hôpital. Deux mois de vie avec cet homme lui avaient ôté tout espoir et toute envie de vivre. Ces derniers temps, elle se réveillait avec des maux de tête et des vertiges qui n'auguraient rien de bon. Elle passe un peu d'eau sur son visage, et se lave les dents. Elle avait avalé à la hâte un petit déjeuner à l'hôpital, et son estomac commençait à gargouiller. Elle pensait ne pas pouvoir avaler une bouchée, mais au wagon-restaurant où elle avait commandé un dîner, elle avala le tout jusqu'à la dernière bouchée, et c'était tant mieux. Elle avait besoin de reprendre des forces car elle ne savait pas quand et où elle allait prendre son prochain repas. Elle revint à son siège et tenta de dormir. On était en plein milieu de la nuit, et quelques heures de repos ne seraient pas de trop. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, il faisait déjà jour. Les passagers commençaient à s'agiter sur leur siège, et quelques-uns se levaient déjà pour aller prendre le petit déjeuner. Elle n'avait pas faim, mais se dit qu'un café noir l'aidera à se réveiller totalement. Elle s'étire, et se lève pour chercher le chaud breuvage, puis revint le déguster devant la fenêtre. Elle est émerveillée par les beaux sites et les grands vergers qui s'étendaient devant ses yeux. Le soleil se levait timidement à l'horizon, et malgré sa pâleur, il donnait à ces paysages des reflets dorés et chauds qui les rendaient pittoresques et mêmes irréels. Nora buvait son café à petites gorgées. Désormais, elle ne devrait compter que sur elle-même. Rien dans ce monde n'allait plus être comme avant, et elle allait affronter un nouveau destin, dont seul Dieu en connaissait les conséquences. Un long sifflement lui apprendra que le train rentrait en gare et que son voyage prenait fin. Elle se lève et prend sa valise pour suivre la foule qui se déversait sur le quai. Elle suit cette foule pour sortir de la gare, puis se met à marcher à grand pas. Où et dans quelle direction... ? Elle ne le savait pas encore. (À suivre) Y. H. Nom Adresse email