A quelques jours de l'annonce du résultat du scrutin des législatives du 26 octobre 2014, à Tunis le champ lexical du mariage retentit dans les cafés : alliance, cohabitation, partage, choix. Une cérémonie de mariage se prépare au prochain parlement, mais l'exception tunisienne peut créer la fantasmagorie, un divorce à l'amiable peut-il précéder un mariage? L'impossible n'est pas tunisien... A présent, les invités n'en savent rien, tout ce qu'on leur a dit c'est qu'ils sont invités à un mariage qu'ils partageront des gâteaux et que la mariée portera un long voile, un voile rouge ou bleu ou rouge et bleu, ils connaissent d'office le lieu de la cérémonie. Bien qu'ils soient divisés entre un mariage civile et un mariage religieux les invités se sont vus remettre volontiers, leurs invitations, ils ont même signé à la réception en bonne et due forme. La préparation du trousseau de la mariée a duré 3 ans, c'est long pour un mariage tunisien. Certains pensent qu'il ne faut pas exagérer car le dernier mariage dans le village s'est certes, préparé très rapidement mais 23 ans de malheur et de mauvais sort se sont abattus sur le mariage, patience donc... Certains critiquent déjà le couple, j'entends des ' mais il ne la mérite pas' ou des 'mais comment va-t-elle épouser quelqu'un comme lui?' ils sont contradictoires...a-t-on oublié que les 'contraires s'attirent? Au village on colle des étiquettes peu sympathiques aux mariés, épouvantail théocratique, personnalité séculariste et j'en passe, décidément ce couple fait couler beaucoup d'encre pour son histoire d'amour assez originale, un couple qui se diabolise tout le temps mais une fois ensemble, les yeux dans les yeux, à silentio, on a juste l'impression que c'est l'idylle du siècle qui les lie... Revenons donc à la maison, les enfants et le nécessaire; après tout c'est bien l'avenir qui compte.... Dans ce compte de fées, le mariage se veut aussi une nouvelle page pour le retour de la paix entre les peuples, c'est bien connu, quand deux tribus veulent enterrer la hache de la guerre l'une sacrifie tout bonnement sa fille au fils de l'autre et voilà, tout est bien qui finit bien - ou presque- si la génération qui suivra ce mariage a la mémoire courte, la paix ne quittera pas le royaume mais si ils enfantent des éléphanteaux alors la glace ne sera jamais totalement brisée, et la revanche sera dure et inattendue.. Les gens sont curieux de voir comment un mariage entre la tribu aux valeurs réelles ou fantasmées de l'Etat civil moderne, un code du statut personnel consacrant, pour les femmes, des droits et la tribu de la famille pieuse et conservatrice modérée est-il possible ? Qui vivra verra... Les différences importent peu, ce qui compte c'est la complicité et le projet commun qui les lie, c'est le retour à la normale qui compte et le retour des activités. Cela étant, quels que soient ses défauts, il faut avouer au moins que le prétendant mérite tous les honneurs puisqu'il a su écarter les trois prétendants concurrent d'un geste de la main, il n'a rien laissé sur son passage, le voilà seul ou presque ( les autres sont presque incomparables à lui) face à sa 'dulcinée'. En effet, E et C n'ont pas été séduisants puisqu'ils n'ont pas su tenir leurs promesses, même si ils auraient pu éviter l'éclatement du marié en excluant sa venue à la course car c'est un revenant et les revenants ( en principe ) ne sont pas les bienvenus dans les terres révoltées...Il a su profiter de leur laxisme et le voilà au devant de la scène. Un village épuisé par des conditions de vie plutôt difficiles.. En plus de construire un foyer équilibré et protéger le village contre guerres et croisades, les mariées devront aussi mener une guerre interne contre l'oisiveté des jeunes, la pauvreté, l'injustice et insécurité. Le couple royal aura du pain sur la planche, il pourra dés lors choisir la deuxième option, divorce à l'amiable et chercher d'autres alternatives car il n'est pas évident aussi, d'assurer la survie du royaume tout en protégeant ses frontières des ogres barbus. En tout cas, vive les mariés ! "Acta fabula est". Correspondance particulière pour la Rédaction WEB de Mounira El-Bouti Chercheuse Algéro-Tunisienne à l'ESC Tunis