Le procès d'avant-hier fait suite à l'appel interjeté par Rezagui suite à sa condamnation à 4 ans de prison ferme prononcée par défaut, par le tribunal correctionnel de Bir-Mourad- Raïs. Dans ce dossier, Rezagui n'est plus partie civile mais prévenu et l'ex-accusé, à savoir Sâad Troudi, âgé de 88 ans, est cette fois-ci plaignant. Interrogé par le président de la cour sur la provenance du chèque, l'accusé répondra sans encombre : “Il m'a été remis par mon associé et le chèque représente une partie de mes bénéfices. Je n'ai pas hésité à accepter la valeur fiduciaire car il arrivait à mon associé de régler certaines transactions de la sorte”. Cette réponse suscitera des remarques des avocats présents dans l'assistance. Certains se demandaient même pourquoi les précédentes juridictions n'avaient pas relevé ce fait car, selon eux, seul un chèque adossé par le bénéficiaire à une tierce personne reste valable. Les avocats de Sâad Troudi ne réagissent pas car leur plainte porte sur le vol de chèque. Le même accusé reconnaît que c'était encore lui qui avait libellé la valeur fiduciaire et y avoir porté la somme de 45 millions de dinars, mais il ajoute : “Mon associé a gardé le chèque et il me l'a redonné signé quelques jours après”. Il tient dur quant à ses intérêts et rappelle que ce procès n'a pas lieu d'être car il a deux arrêts de la Cour suprême en sa faveur. Son avocat rappelle que son client doit bénéficier de la prescription et de l'extinction des poursuites par la force de l'autorité de la chose jugée. Pour sa part, Sâad Troudi n'arrivera en fin de compte qu'à faire une seule déclaration : “Je n'ai jamais fait de commerce avec lui. Je ne le connais pas. C'est de la hogra”. Il rappellera non sans difficulté toutes les péripéties qu'il a vécues suite à cette affaire qui lui “est tombée sur la tête”. Les avocats de la partie civile estiment pour leur part que ce dossier est une affaire à part. “Il ne peut y avoir de prescription car certes les parties sont les mêmes, mais cette fois les rôles sont inversés et l'ex-accusé est aujourd'hui plaignant”, affirme Me Benzerouki. Il accusera même la partie adverse d'avoir versé des documents concernant un autre chèque pour “leurrer” la justice et envoyer son client en prison. Il réclame la restitution de la valeur du chèque : 46 millions de dinars. Le procureur général abonde lui aussi dans le sens de la partie civile et rappelle que la cour est appelée à statuer sur un nouveau dossier relatif à la plainte de Sâad Troudi. Il requiert 3 ans de prison ferme. Le verdict est maintenu en délibéré jusqu'au 21 décembre prochain. En aparté après le procès, Rezagui se déclare victime de Salim Troudi qu'il accuse du détournement de 450 milliards de centimes représentant les bénéfices de la société qu'ils géraient en commun. “J'ai fait condamner Salim Troudi pour vol d'associé et de société. J'ai réussi aussi à faire condamner le père car il avait déclaré avoir remis des chèques pour que son fils les utilise”, explique Rezagui qui ajoute : “J'avais 30% des parts et mon associé a falsifié les documents pour ramener ma part à 10%”. Les avocats de Sâad Troudi se limitent pour leur part à “élucider cette affaire de vol de chèque car, selon eux, ils ont des preuves sur d'autres falsifications commises par la partie adverse et que d'autres procès suivront”. S. I.