"Le PT a décidé d'encadrer la combativité du peuple et celle des travailleurs contre tous les centres de décision en concurrence, même ceux qui gardent le silence. Car le silence est une forme de complicité qui ouvre la voie à l'effondrement du pays", a-t-elle réagi, hier, à la lettre du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, adressée à la direction du FLN. Louisa Hanoune n'est jamais allée aussi loin dans le propos. Dans une conférence de presse, tenue hier, au siège de son parti, elle a d'abord commencé par considérer la lettre de soutien du chef d'état-major de l'armée, Ahmed Gaïd Salah, adressée à la direction du FLN, comme aussi "surprenante" que "choquante". Et cela relève, à ses yeux, plus de la "concurrence" que d'une suite logique à la lettre du président de la République. "Il n'est pas dans les coutumes de l'armée de féliciter les secrétaires généraux de partis politiques. Quel est le but d'une telle correspondance ? C'est une forme de fragilisation et de déstabilisation de la colonne vertébrale de l'Etat", a-t-elle indiqué. Et même si elle rappelle que "l'armée a pour habitude d'être utilisée dans la fraude électorale, il est certain que cette-fois-ci, Gaïd Salah n'a pas calculé les conséquences de sa démarche". Pour elle, "c'est une violation de la conscience des soldats. C'est impossible que l'institution militaire soit d'accord avec cette démarche. Des officiers de l'armée nous l'ont dit". Et comme pour mieux situer l'impact d'une telle démarche, elle ajoute : "Nous considérions que ce sont des pratiques subliminales. Des lettres qui figent et paralysent l'esprit du citoyen. Des lettres qui provoquent la peur générale et qui, par conséquent, préparent l'avènement de l'irrémédiable." "C'est le bateau Algérie qui chavire" Toujours dans la même lancée, Louisa Hanoune n'est pas du même avis que certains médias qui ont vu en la lettre de Gaïd Salah le signe d'un retour au Parti-Etat. "Ce n'est pas vrai qu'il y a un retour au Parti-Etat. C'est même une lecture simpliste. Il y a une conjonction qui mène à l'effondrement de l'Etat. La roue de l'histoire ne fait pas machine arrière. Tout comme l'Algérie, le FLN d'hier n'est pas celui d'aujourd'hui. La roue de l'histoire tourne vers l'avant, vers le mieux ou le pire. Et c'est décidément vers le pire que nous nous orientons. L'Algérie est aujourd'hui tel un bateau sans gouvernail et qui chavire", professe-t-elle. Mais pourquoi donc cette lettre ? La SG du PT livre son opinion : "Ces évènements entrent dans plusieurs scénarios et non pas dans un seul. Il y a plusieurs centres de décision en conflit et en concurrence. Ils se recomposent constamment. Tous ces centres de décision s'en foutent de l'Algérie et méprisent le peuple. Pire, ils mènent le pays vers le chaos." Et afin de mieux illustrer un de ces scénarios, elle cite pour exemple "les ambitions présidentielles qui ont été attribuées à Gaïd Salah par un quotidien national, lesquelles n'ont jamais été démenties". "Fais ce que tu dois, advienne que pourra" ! Et comme Louisa Hanoune juge la situation gravissime, elle fait désormais sien ce proverbe : "Fais ce que tu dois, advienne que pourra." Cela dit, elle révèle la démarche prochaine de son parti : "Le comité central du PT va charger ses militants d'aller à la rencontre des jeunes, des travailleurs et des retraités. Le PT a décidé d'encadrer la combativité du peuple et celle des travailleurs, contre tous les centres de décision en concurrence, même ceux qui gardent le silence. Car le silence est une forme de complicité qui ouvre la voie à l'intervention de l'étranger et à Daech. À l'effondrement du pays. Et puisque le processus n'a pas été fait par le haut, nous allons le faire par le bas pour chasser l'oligarchie." Mais pourquoi une telle démarche ? Là encore, Louisa Hanoune s'explique : "Nous avons une vague de sympathie et les citoyens nous disent tous les jours, nous sommes prêts, dites-nous ce qu'il faut faire. Il y a même des policiers comme des militaires qui nous ont exprimé leur confiance." Pour que cela se concrétise, la SG du PT livre sa stratégie : "Nous allons installer des comités populaires locaux. Et cela se fait dans les cas extrêmes. Il y a une colère chez les citoyens qui font aujourd'hui preuve de maturité politique. Ils sont dans un esprit prérévolutionnaire. Et pour que les choses ne dérapent pas, il faut un encadrement politique. C'est une responsabilité d'un type nouveau et c'est ce que nous proposons aux Algériens." Enfin, et pour la première fois, Louisa Hanoune avoue que le "le danger interne qui guette l'Algérie est plus grave que celui qui provient de l'étranger". M. M.