Les rivalités entre les mouvements armés du nord du Mali ont retardé la mise en œuvre de l'accord d'Alger. Les groupes terroristes en ont profité pour reprendre du terrain. Historique accord entre la Coordination des mouvements de l'Azawad et la Plateforme après une dizaine de jours de discussion entre les différents groupes dans les régions du nord Mali. Une belle initiative qui enterre les différends "territoriaux" et communautaires entre les groupes "rebelles" du Nord même si elle n'est pas dénuée d'arrière-pensées. Ainsi les deux communautés d'Ifoghas et d'Imghad ont, après deux jours de dialogue, conclu un accord de réconciliation définitive, de même qu'entre celles de Dowsahak et d'Imghad qui sont arrivées à un accord de cessation des hostilités et un pardon mutuel pour "leurs erreurs du passé", la communauté targuie d'Ifoghas et celle arabe du Telemsi ont convenu que "le dialogue, la compréhension et le pardon" sont le seul mode de règlement des conflits. C'est ce qui ressort d'un communiqué commun cosigné par la CMA et la Plateforme, qui appellent par ailleurs à la mise en œuvre de l'accord d'Alger pour la paix et la réconciliation au Mali, notamment dans ses aspects urgents : l'installation de l'administration locale transitoire, le retour des réfugiés et des déplacés, les services sociaux et la libération des détenus. Un accord dont le défaut a retardé la mise en œuvre de l'accord de paix en raison particulièrement de la reprise des hostilités intercommunautaires pour le contrôle des "territoires", notamment à Anéfis et Ménaka. Au-delà d'une éventuelle prise de conscience des groupes du Nord dont l'entêtement a ouvert, en partie, la voie à la recrudescence des actes terroristes encouragée par l'instabilité qu'ils ont sciemment entretenue, ce brusque et surprenant revirement (positif) dans les positions de la CMA et de la Plateforme pourrait s'expliquer par-delà la volonté de contribuer à la paix, le privilège du dialogue et du pardon mutuel et de la reconnaissance "des erreurs du passé" si l'on fouille bien dans la littérature de la Minusma, ses pressions et la position désormais intransigeante de la médiation et des partenaires étrangers suivant l'évolution de la situation sur le terrain et qui ne leur laissent aucune marge de manœuvre. Après la série d'attaques dont ont fait l'objet les contingents de la Minusma, son responsable, Hamdi Mongi, a clairement menacé de réclamer la révision et l'extension des missions de la Minusma de la force d'interposition en une force offensive. Et c'est dans ce contexte d'avancées inattendues qu'est fuité le rapport d'enquête sur les événements du mois de mai 2014 et qui accable principalement les mouvements rebelles. En effet, le rapport d'enquête de la Minusma accuse la CMA (MNLA, HCUA et MAA) d'avoir "délibérément et sommairement" exécuté les administrateurs et d'autres civils dans le gouvernorat de Kidal. La Coordination est également accusée de recruter des enfants et de les utiliser, d'arrestations, de détentions illégales, de traitements inhumains et dégradants, de vol et de destruction de biens. Des griefs tellement graves que les groupes du Nord ont vite fait de réagir avec cet accord intercommunautaire qui est, en fait, une offre de "paix" pour la remise sur les rails de l'accord de paix et de réconciliation dont ils se sont échinés, depuis sa signature à Alger et à Bamako, à entraver la mise en œuvre. Devraient-ils en définitive respecter les engagements pris à Alger et à Bamako et se soumettre à la feuille de route du comité de suivi de l'Accord pour la paix et la réconciliation ? D. B.