Résumé : La crise passe. Nawel rentre chez elle. Salima lui demande où elle avait passé la soirée. Ne voulant pas la mettre au courant de sa récente relation avec Nabil, elle répondit qu'elle avait dîné avec des amis. Salima est heureuse de constater que sa sœur commençait à sortir du gouffre. Peut-être rencontrera-t-elle quelqu'un un jour ? Nawel soupire : -Pour sortir davantage et m'amuser, je suis d'accord avec toi. Mais rencontrer quelqu'un (elle se mordit les lèvres et repense à Nabil)..., je ne suis pas certaine. -Pourquoi ? Le monde n'est pas aussi noir que tu le vois. -Peut-être, mais (elle hausse les épaules) je crois que le sujet est dépassé pour moi. Salima allait riposter, mais elle ne lui en laisse pas le temps : -Il est tard Salima. Tu dois être épuisée. Et demain, une longue journée de travail nous attend toutes les deux. Allons nous reposer. Sans plus tarder, Nawel se dirige vers sa chambre. Salima la suit des yeux et pousse un soupir. Sa sœur est une solitaire. Un jour, elle regrettera d'avoir raté le coche de fonder une famille, ou du moins de se lier à quelqu'un. Nawel ouvre les yeux. La sonnerie du portable l'a réveillée. Elle constate qu'on était déjà à la mi-journée. Elle saute du lit. On devait l'attendre à la rédaction ! Le portable se remet à sonner et elle reconnaît le numéro de Nabil. Elle sourit. Cet homme doit avoir des nerfs d'acier. Il était patient, et son comportement de la veille renseignait davantage sur sa personnalité. Il était forgé dans un métal pur et dur. Malgré les coups de la vie, il avait su reprendre rapidement le dessus. Il n'avait pas paniqué la veille, alors qu'elle faisait sa crise d'angoisse. Bien au contraire, son calme l'avait aidée à surpasser son mal. Elle décroche et aussitôt il lance sans détour : -Bonjour Nawel. Bien dormi ? -Comme un loir. Cela ne m'arrive pas souvent. -Tu m'en vois heureux. Tu es où ? -Encore à la maison. Je viens de me réveiller. Mais je ne vais pas tarder à me rendre à la rédaction. -Parfait. Tu ne veux pas qu'on déjeune d'abord ensemble ? Elle rit : -On ne fait pas tous les jours la fête. Je ne veux pas t'encombrer de ma présence aujourd'hui Nabil. J'ai tout un programme à respecter avant le bouclage du journal. Et puis il y a ton boulot. Tu dois être bien occupé toi aussi. -Non, pas vraiment. Comme tous les patrons, j'ai une équipe qui peut me seconder et faire le travail. J'aimerais te revoir Nawel. -Moi aussi. Seulement, une journée bien chargée m'attend. Je dois me préparer pour me rendre au boulot, et avec la circulation qu'il y a sur l'autoroute, il n'est pas évident que j'arrive avant une bonne heure à la rédaction. -D'accord. Je te souhaite une bonne journée. Mais je ne te lâcherai pas pour autant, je te rappellerai dès ce soir. À son arrivée au journal, un monde cosmopolite l'accueille. Des reporters, leurs sacs en bandoulière, étaient sur le point de partir vers différentes missions. Des journalistes discutaient aves leurs chefs de rubrique, des agents de saisie s'interpellaient d'un bureau à un autre... Nawel monte les quelques marches qui mènent vers le premier palier et se dirige vers son bureau. Elle ouvre la porte, dépose ses affaires, puis revient au secrétariat pour récupérer son courrier et demander si le briefing était maintenu à l'heure prévue. La secrétaire la rassure. Ses parapheurs étaient déposés sur son bureau. Quant au briefing, le rendez-vous journalier sera respecté. On était à l'heure du déjeuner, et la plupart de ses collaborateurs étaient sortis pour casser la croûte. Dans une demi-heure tout au plus, tout le monde aura repris ses fonctions. Nawel est satisfaite. Elle jette un coup d'œil aux articles de ses deux rubriques et relève quelques "anomalies" de rédaction. Elle entreprend de lire quelques textes, souligne certains passages à revoir, change un titre ou deux, puis écrit des commentaires sur les marges.Un coup à la porte interrompt sa concentration. Elle relève la tête et reconnaît Mohamed : -Alors, on est enfin là ? -Oui. J'étais épuisée, j'ai dormi une bonne partie de la matinée. -À la bonne heure. Je présume que tu n'as pas déjeuné. -Non. Je n'ai pas trop faim. -C'est ce qu'on dit quand on est plongé, la tête la première, dans le travail. -Je t'assure que... Elle suspend sa phrase. Mohamed avait déjà tourné les talons. (À suivre) Y. H.