Selon la chaîne de télévision américaine CNN, le royaume wahhabite serait prêt à envoyer 150 000 soldats en Syrie, en cas d'intervention militaire terrestre étrangère contre l'organisation terroriste autoproclamée Etat islamique (Daech). L'Arabie saoudite cherche à se refaire une virginité politique en proposant d'envoyer ses troupes au sol, si la coalition internationale contre Daech décide d'intervenir en Syrie au-delà des frappes aériennes. Riyad, dont la proposition a été saluée par les Etats-Unis, a fait cette annonce jeudi soir, suscitant une violente réaction du régime de Damas et de son leader Bachar al-Assad. Hier, le gouvernement syrien a répondu, via son chef de la diplomatie Walid Mouallem, que "toute intervention terrestre sur le territoire syrien sans l'autorisation du gouvernement est une agression face à laquelle il faudra résister", ont rapporté les médias syriens. "Que personne ne pense à agresser la Syrie ou à violer sa souveraineté car nous enverrons (les agresseurs), qu'ils soient Saoudiens ou Turcs, dans des cercueils en bois dans leur pays", a-t-il ajouté, lors d'un point de presse à Damas. "Ce sera le sort de quiconque voudrait participer avec les terroristes à l'agression contre la Syrie", a encore dit le ministre. Quant à Téhéran, le régime des Al-Saoud ne mettrait pas en œuvre sa proposition. "Nous ne croyons pas qu'ils oseront (les Saoudiens, ndlr) le faire car leur armée est une armée classique et l'histoire a montré qu'elle n'a pas la force de confronter les combattants de l'islam", a déclaré le général Mohammad Ali Jafari, commandant en chef des Gardiens de la révolution, l'armée d'élite du régime iranien, repris par l'agence Fars. Ouvertement opposée à toute transition politique en Syrie, impliquant directement Bachar al-Assad, l'Arabie saoudite est accusée de saper les efforts de paix, dans le cadre du processus de dialogue onusien à Genève. Son intervention militaire contre les Houthis (chiites) au Yémen, aux côtés du gouvernement de transition suffit à démontrer le danger qui pèse sur l'ensemble de la région du Proche-Orient en cas d'intervention au sol en Syrie. Aussi, ni la Russie ni l'Iran n'accepteront une telle solution pour sortir la Syrie de la crise politique et de la guerre civile qu'elle vit depuis mars 2015. Allié stratégique des Etats-Unis et des capitales occidentales dans la région, Riyad espère, en effet, jouer pleinement son rôle de sous-traitant efficace pour détruire ce qui reste de la Syrie et mettre à genoux le Proche-Orient. Tout cela, au nom d'une pseudo-guerre qui l'oppose en tant que représentant autoproclamé des sunnites à l'Iran chiite. Si pour le moment, des informations publiées par le quotidien britannique The Guardian ont fait état d'une présence militaire saoudienne en Turquie, en prévision d'une éventuelle intervention au sol, Riyad doit attendre la décision du sommet de l'Otan qui doit se tenir au courant de cette semaine à Bruxelles. Les autorités russes ont d'ailleurs affirmé, hier, avoir "de sérieuses raisons" de soupçonner une "intervention militaire" turque en Syrie, invoquant l'accumulation à la frontière d'hommes et de matériel et l'interdiction par Ankara du survol de son territoire par un avion de reconnaissance russe. Ankara a qualifié ces déclarations de "risibles", ont rapporté les médias turcs. Mais il est plus que certain qu'une intervention militaire étrangère en Syrie, sans l'aval du régime de Damas, sera fatale pour l'ensemble de la région du Proche-Orient. Elle ouvrira la voie à un chaos général qui risque de coûter cher à toutes parties impliquées dans la crise syrienne. Lyès Menacer