Les postes frontaliers de Betita et Ras El-Ayoun, dans la wilaya de Tébessa, étaient toujours fermés, hier, par les automobilistes algériens qui dénoncent depuis plus d'une semaine la taxe de 30 DT, imposée par les douanes tunisiennes. Les protestataires ont, en effet, empêché le trafic des deux côtés de la frontière. Du côté des postes frontaliers de Bouchebka et d'El-Meridj, le trafic se déroule normalement, même si certaines sources locales n'écartent pas l'éventualité de recourir au même procédé pour dénoncer cette taxe. "Nous demandons que la taxe soit aussi imposée par l'Algérie aux milliers de Tunisiens qui se rendent chaque jour sur les marchés algériens pour des raisons purement commerciales", commentent les quelques touristes algériens que nous avons interrogés. Cette taxe, faut-il le rappeler, a été créée pour consolider le budget de l'Etat tunisien qui a estimé à l'époque qu'il devait générer des ressources estimées à 42 millions de dinars jusqu'à fin 2014 et 120 millions DT en 2015, soit l'équivalent de 820 millions de dinars algériens par an. Selon une source proche de la douane tunisienne qui a souhaité garder l'anonymat, "certes, il y a eu un petit recul par rapport aux années précédentes, mais le nombre des véhicules algériens qui transitent par les postes frontaliers, c'est-à-dire de Tabarka au Nord vers Tozeur dans le Sud, dépasse les 7 000 voitures, depuis le début de la saison estivale". Questionné sur la contestation signalée du côté algérien de la taxe de 30 DT, notre interlocuteur dira : "Nous sommes au courant de ce qui se passe ces derniers jours de l'autre côté de la frontière, nous, en tant que commis de l'Etat tunisien, nous sommes des exécutants. Certes, il y a beaucoup de gens qui habitent aux frontières qui sont pénalisés mais on ne peut rien faire". Et d'ajouter : "C'est aux hautes autorités des deux pays de se concerter sur le sujet." L'autre contradiction soulignée par les automobilistes que nous avons rencontrés aux postes frontaliers de Ras El-Ayoun et de Bouchebka, est que cette taxe, tant décriée, instituée en vertu de l'article 36 de la loi de finances complémentaire, est payée en timbre fiscal (timbre de solidarité). Cependant, sur le terrain, aucun ressortissant algérien n'a reçu de timbre fiscal en contrepartie des 30 DT. Rappelons que les touristes algériens représentent une part de 50% des recettes du tourisme tunisien, selon les chiffres communiqués à la fin du mois de juillet par un cadre du secteur. Aussi, considéré comme secteur-clé de l'économie tunisienne avec 7 millions de visiteurs en 2010, le tourisme a néanmoins enregistré en 2011, une chute vertigineuse de 33% et l'objectif affiché du gouvernement est de retrouver le niveau de 2010. L'introduction de la taxe est intervenue dans un contexte économique difficile pour la Tunisie, confrontée par ailleurs à un regain de violence terroriste qui a grevé l'activité touristique. RACHID G.