Le 44e vendredi du hirak s'annonce dans l'expectative à Oran et dans d'autres wilayas de l'Ouest, touchées par la brutale répression policière du week-end dernier. Même si l'appréhension est présente dans les esprits, le sentiment général prévalent est celui d'une volonté intacte de manifester et de se réapproprier la rue après l'épisode du 43e vendredi. "Tous les tabous ont été brisés et la peur n'est plus de mise après ce qui s'est passé jeudi et vendredi derniers", estime Mahmoud, un hirakiste de la première heure. "Les gens n'ont plus peur", une certitude qui revient dans la bouche de ceux qu'on a interrogés, prenant à témoin la marche de mardi et les agoras qui ont repris leur droit. "Ce mardi, les Oranais de tous bords ont manifesté, il n'y avait pas que des étudiants mais aussi des personnes de tous âges et de toutes conditions sociales", ajoute Malik, une autre figure de proue du hirak, qui met en exergue l'élan de sympathie rencontré par les manifestants. Quant à ce vendredi, ils sont nombreux à penser qu'il n'y aura pas d'intervention policière, comme ce fut le cas le vendredi 13, et estiment plutôt qu'elle sera quadrillée et organisée. Le premier indice a été donné par le 43e mardi qui s'est passé sans anicroche, mais le risque de voir des "énergumènes chercher la provocation n'est pas à écarter totalement", analyse Malik, qui fait référence au carré des perturbateurs de Cavaignac, fortement protégé par la police. Vendredi dernier, certains manifestants ont été livrés aux forces de l'ordre par ces mêmes personnes qui houspillaient les hirakistes sous l'œil bienveillant de la police. Un 44e vendredi qui s'annonce donc tout particulier avec l'appel lancé sur les réseaux sociaux pour participer massivement et rejoindre le hirak à Oran. "On attend 1 000 à 1 500 personnes venues des autres villes de l'Algérie en signe de solidarité avec Oran", assure Malik, qui n'exclut pas un contre-mouvement initié par justement ces perturbateurs qui vont certainement développer leur terminologie de haine sur les "zouaves" et autres fils de la France. À ce propos, une vidéo, devenue virale, circule sur les réseaux sociaux depuis quelques jours, dans laquelle un repris de justice menace de s'en prendre physiquement à ceux qui voudraient participer à la marche de demain à Oran. À visage découvert, l'homme jure d'accueillir les manifestants avec des "bouchias" (couteaux de boucher). Les internautes attendent que la police et la justice réagissent pour calmer les esprits et demander des comptes. Quid alors de la stratégie à adopter ? Mardi dernier, on a évoqué certaines possibilités en suggérant une marche silencieuse avec un seul slogan, celui de dénoncer la répression, en s'habillant en noir ou encore de former un carré composé des victimes des brutalités policières. Mahmoud, lui, opte pour une marche en noir "ou du moins arborer des lunettes noires pour couper court à toutes les interprétations qui peuvent être faites de notre action" et le slogan principal qui devrait rythmer la marche est celui de dénoncer la répression policière qui s'est abattue sur Oran.