La joie était indescriptible, hier, dans l'enceinte du tribunal d'Aïn Témouchent lorsque le président de l'audience a prononcé l'acquittement pour les 30 hirakistes qui ont été appelés à se présenter à la barre. Un verdict qui a fait durer le suspense en raison des reports successifs. Les 30 manifestants étaient accusés d'attroupement non armé et d'incitation à attroupement non armé, après un premier avertissement. À la sortie du tribunal, des youyous fusaient de partout. Les hirakistes, une fois à l'extérieur, ont laissé éclater leur joie en scandant des slogans propres au hirak avec des ‘‘Daoula madania, machi âaskaria'' (Etat civil et non militaire) et ‘‘Djazaïr horra dimocratia'' (Algérie libre et démocratique). Ce procès, même s'il n'a pas été suivi par le collectif d'avocats qui n'a pas jugé utile de faire le déplacement ou par empêchement personnel, comme ce fut le cas de Me Karma Mohamed qui a présenté ses excuses par le biais de Me Babadji Messaoud, membre de la Ligue algérienne des droits de l'Homme, a vu la présence hautement symbolique de Kaddour Chouicha, universitaire et vice-président de la Laddh. Une présence très remarquée et qui n'est pas passée inaperçue. Invité par Liberté à donner ses premières impressions après l'acquittement de l'ensemble des accusés, Kaddour Chouicha a d'abord salué ce verdict avant de déclarer que ‘‘c'est d'abord une joie et un honneur de me retrouver avec mes frères et mes sœurs du hirak pour une autre Algérie, pour une démocratie réelle. Surtout qu'aujourd'hui, il y a eu la relaxe pure et simple de tous les accusés''. Et d'ajouter : ‘‘Ce qui veut dire que la justice a compris qu'il ne sert à rien d'être un instrument au service de ceux qui ne veulent pas lâcher le pouvoir. Maintenant, j'espère que les magistrats surtout, les avocats et les policiers se rendent enfin compte qu'on ne veut pas revenir en arrière, c'est-à-dire se réapproprier le pays pour nous et pour notre jeunesse. Je félicite tous les hommes et toutes les femmes d'Aïn Témouchent qui sont restés debout et j'espère que vendredi prochain, ce sera le renouveau du hirak comme ce fut le cas à Sidi Bel-Abbès et comme ce sera le cas à Mascara et dans d'autres villes.'' Concernant Hadj Ghermoul qui s'estime harcelé et qui a décidé de porter plainte contre la police, Kaddour Chouicha, lui, a parlé de ‘‘hogra'' dont il a fait l'objet par ‘‘une police qu'on a découverte à Mascara''. À ce titre, il s'attend à un déferlement des Algériens et des Algériennes qui vont se déplacer à Mascara pour, dit-il, ‘‘briser le mur de la peur et pour dire aux policiers que nous sommes dans un pays libre. J'espère que ce qui s'est passé à Sidi Bel-Abbès se déroulera à Mascara avec un nouveau hirak vendredi et mardi dans toutes les villes. Et ce sera la victoire pour tout le peuple algérien. Il y aura sûrement un renfort à Mascara pour soutenir Hadj Ghermoul. Il va y avoir un groupe d'Oran qui va rallier la ville d'Aïn Témouchent pour participer au hirak. Mais moi, je ne suis pas pressé car il n'y a pas eu recul du hirak, mais c'est plutôt la police qui réprime pour dissuader les gens de sortir. C'est pour cela que le hirak sera de retour dans toutes les villes''.