Les longues heures passées à attendre l'arrivée du camion chargé de lait s'avèrent parfois vaines. Dans certains quartiers, les commerçants reçoivent un tiers de la quantité commandée auprès des distributeurs, qui se rejettent la balle quant à cette crise persistante. Pouvoir se procurer au moins une ou deux unités de lait en sachet à Chlef, d'ailleurs comme partout dans plusieurs communes de la wilaya, relève du parcours du combattant. Il faut courir à droite et à gauche, il faut se lever tôt et surtout connaître et tisser des relations avec tel ou tel épicier pour pouvoir s'octroyer au moins deux sachets, pas plus. Apparue il y a quelques semaines, cette crise de distribution du lait en sachet persiste toujours. Dans une chaleur étouffante et parfois sous un soleil de plomb, surtout à partir de 14h, les files d'attente commencent à se former devant les épiceries et les supérettes dans chaque quartier. Mais plusieurs fois, ces mêmes attentes, longues et pénibles, n'aboutissent pas pour la simple raison que le distributeur tant attendu n'arrive pas. "Même moi en tant qu'épicier qui suis derrière chaque commande. Je n'arrive toujours pas à connaître les causes réelles de cette perturbation dans la distribution du lait en question. Parfois je reçois la commande telle que je l'ai faite, mais dans d'autres cas, bien au contraire, je n'en obtiens que le tiers", répond un des commerçants aux clients rassemblés devant son magasin à haï Zeboudj, dans la ville de Chlef. Devant le marché de gros des fruits et légumes à l'entrée est de Chlef, des dizaines de camions frigorifiques en provenance de plusieurs unités de production de la région et transportant d'importantes quantités de lait en sachet avaient l'habitude d'y livrer leurs marchandises aux commerçants détaillants qui les attendaient quotidiennement, chaque après-midi. "Aujourd'hui, comme vous le voyez, la place réservée à ces distributeurs est vide. Aucun des camions de distribution en question et aucun des détaillants qui les accueillaient. Cela explique bel et bien que le lait connaît de sérieuses perturbations dans sa distribution. Les distributeurs choisissent eux-mêmes leurs destinations préférées", dira avec amertume l'un des gardiens dudit marché de gros. En effet, ce produit de large consommation, qui a disparu des étalages des commerces et des points de vente dans toutes les communes de la wilaya, se vend à 30 DA chez le commerçant lorsqu'il est disponible, et vous n'avez droit qu'à un ou deux sachets uniquement. "Cependant, vous pouvez l'acheter facilement au marché informel mais à 35 DA l'unité et parfois plus. Comment font les revendeurs illégaux pour l'avoir (le lait) afin de le revendre informellement dans certains de nos quartiers ? La situation est tellement ambiguë que nous n'arriverons jamais à la comprendre", déplorent de nombreux consommateurs. Pour les services concernés au niveau de la direction du commerce, la situation est normale puisqu'au niveau des laiteries le lait ne manque pas et le problème du manque de ce produit n'a jamais existé. "Ce sont surtout les distributeurs eux-mêmes qui sont à chaque fois derrière ladite perturbation. Ils se rejettent régulièrement la balle en s'accusant mutuellement de favoriser certains commerçants et localités au détriment de plusieurs autres, ce qui provoque, avec le temps, une perturbation inquiétante qui pénalise les consommateurs dans chaque commune", nous indique-t-on enfin auprès de l'Association locale pour la défense des consommateurs, qui demande à ce qu'un contrôle rigoureux soit impérativement fait sur le terrain de la part des différents services administratifs et sécuritaires concernés pour débusquer les auteurs des dépassements enregistrés. AHMED CHENAOUI