Acculés, les putschistes africains commencent à revoir leur copie. Devant les sanctions qui leur sont imposées, ils essayent de contourner les écueils en élaborant des calendriers acceptables pour le retour des civils au pouvoir. "À aucun moment dans l'histoire de l'Union africaine, nous n'avons eu quatre pays suspendus en 12 mois : le Mali, la Guinée, le Soudan et le Burkina Faso", a déclaré avec regret le responsable du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, Bankole Adeoye, lors du 35e sommet de l'Union, tenu samedi et dimanche. Ce qui dénote de l'exaspération de l'UA devant la multiplication des putschs sur le continent. Et pour contourner les sanctions, les militaires ayant pris le pouvoir au Mali, en Guinée et au Burkina ont décidé d'élaborer des calendriers de transition dans l'espoir, à tout le moins, de voir les mesures prises par la Cédéao et l'UA contre eux allégées. Sauf au Soudan, où la junte refuse de céder et réprime les manifestations pacifiques hebdomadaires des pro-démocratie. Hier encore, ils étaient des centaines de Soudanais à descendre dans la rue pour réclamer un pouvoir civil. Les services de sécurité ont encore une fois tiré des gaz lacrymogènes pour les disperser. Epargné par des sanctions, le Burkina Faso a pris ses dispositions pour les éviter en créant une commission pour élaborer un projet de charte et d'agenda de transition au pays, où une junte militaire a pris le pouvoir le 24 janvier, indique un décret présidentiel. "Il est créé une commission technique d'élaboration de projet de textes et de l'agenda de la transition", informe un décret signé par le chef de l'Etat, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, rendu public samedi dernier. Cette commission, composée de 15 membres, dont des juristes, des sociologues, des économistes et des officiers, va notamment "élaborer un projet de charte et d'agenda assorti d'une proposition de durée de la transition et des modalités de mise en œuvre" dans un "délai de deux semaines", précise le décret. Le Conseil des ministres malien a, de son côté, adopté en session extraordinaire, vendredi, un projet de loi portant révision de la charte de la transition du 12 septembre dernier. Le texte consacre la suppression du poste de vice-président pour éviter la duplication des missions et permettre au ministre chargé de la Défense et au ministre chargé de la Sécurité de recouvrer et d'exercer la plénitude de leurs attributions traditionnelles. Le nouveau texte porte également sur "l'augmentation du nombre de membres" du CNT (121 membres actuellement) "pour renforcer davantage l'inclusivité autour du projet de refondation de l'Etat". En Guinée, même tonalité. L'organe législatif de transition a entamé sa réunion, samedi dernier, pour décider de la date de la remise du pouvoir aux civils. Une anticipation pour desserrer l'étau des sanctions reconduites par la Cédéao lors de son sommet d'Accra, jeudi dernier. La Cédéao insiste sur la nécessité de respecter le délai de six mois pour la tenue des élections en Guinée et presse les autorités de Conakry de soumettre rapidement un calendrier en ce sens. Le Mali, pays le plus affecté par les sanctions de l'ONU et de l'UA, s'achemine vers un recadrage de sa stratégie. Surtout que la proposition des autorités de transition d'organiser des élections après quatre ans a été rejetée. L'Algérie a proposé une transition de 18 mois ; les autorités maliennes pourraient l'adopter ou la réajuster pour sortir de l'isolement du pays. Le Mali devrait faire connaître son nouvel agenda rapidement.