Dans les cités de la périphérie, des femmes accompagnées de leur progéniture viennent frapper aux portes, au moment du f'tour. Elles vous tendent un récipient en plastique et quémandent une part de votre repas. Dès le premier jour du mois de Ramadhan, une agitation toute particulière s'est emparé de la ville d'Oran et de tous les marchés et autres points de vente. Une ambiance qui est à peine redescendue après une semaine de jeûne, et l'on continue à assister à ce monde presque parallèle d'hommes, de femmes et d'enfants usant des seuls moyens à leur portée pour grappiller de quoi tenir face à la cherté des produits de consommation. C'est surtout la cohorte de mendiants, vrais où professionnels, qui choque le plus : femmes, enfants, hommes, jeunes où vieux sont installés devant les boulangeries, les boucheries à l'entrée des marchés. Ils vous tirent par le bras, tendant la main, répétant sans cesse leurs formules de pitié, ils suivent pas à pas les clients qui vont de marchand de légumes à un autre. Certaines de ces mendiantes, tenant un panier, vous demandent du pain, un peu de viande ou du lait, alors que d'autres, par contre, vont exiger plutôt de l'argent. De tout jeunes enfants, garçons et filles, la mine misérable, sont mis à contribution, font du porte-à-porte et supplient : “Quelque chose à manger pour l'amour de Dieu.” Dans les cités de la périphérie, des femmes accompagnées de leurs enfants viennent frapper aux portes au moment de la rupture du jeûne. Elles vous tendent un récipient en plastique et quémandent une part de votre repas. Ces comportements sont difficilement vécus par la population qui oscille entre scepticisme et impuissance : “C'est l'époque et la situation du pays qui font que ce phénomène prend de l'ampleur !” estime un commerçant qui finit par lâcher : “Oualfou !” Pour d'autres, ce mois de Ramadhan est l'occasion de trouver un moyen de supporter l'inflation générale et tenter de faire face aux dépenses supplémentaires occasionnées par la spéculation. Chaque matin, ainsi des pères de familles s'installent aux abords des marchés pour y écouler leurs produits : pain traditionnel, diouls, chamia ... Généralement, ils sont confectionnés et préparés par toute la famille, qui durant un mois va s'organiser en conséquence. Tout le monde y participe, et les stocks de semoule ont été assurés bien avant. Aucun d'entre eux ne vous dira combien ils gagent dans la journée, les contrôles des inspecteurs de la DCP ou autre ne les gênent pas, n'est-ce pas là un moyen honnête de gagner sa vie. Alors que le recensement des familles démunies n'a pu être achevé à temps, c'est dire l'ampleur de la paupérisation, et que les couffins du Ramadhan de l'APC d'Oran n'ont toujours pas pu être distribués, faute d'avoir trouvé un soumissionnaire répondant au cahier des charges de l'avis d'appel d'offres. Il est fort à parier que ces comportements et autres débordements du Ramadhan ne risquent pas de s'estomper de sitôt. F. BOUMEDIENE