Les regards sont depuis quelques heures tournés vers la 25ème réunion des pays membres du groupe informel Opep+, qui se tient, aujourd'hui, pour décider de leur nouvelle stratégie de production à adopter pour le mois de mars prochain. Ce qui est sûr, il n'y aura pas de changement de position, le cartel s'en tiendra certainement à la hausse de production prévue du volume total de production, fixée au mois de juillet 2021 à 400.000 barils par jour par prudence. Une stratégie qui lui permet depuis plus d'un an de stabiliser les prix du pétrole qui ont terminé le mois de janvier à plus de 90 dollars et risquent d'augmenter davantage, selon les économistes et les financiers qui surveillent l'évolution des tensions géopolitiques autour de l'Ukraine et du Moyen-Orient, mais aussi des déséquilibres structurels du marché pétrolier et gazier. La décision des pays membres de l'Opep+ sera sans surprises pour les investisseurs qui estiment que l'offre des pays producteurs est très limitée pour des raisons techniques et financières. Recul des investissements et baisses des rendements qui empêchement même l'Arabie saoudite de compenser les pertes des autres pays. D'où le maintien depuis des mois de leur plan de production prudent et modeste, malgré les appels récurrents des Etats-Unis et d'autres pays consommateurs de revoir à la hausse les quotas d'extraction. Le ralentissement des investissements dans le secteur des énergies fossiles et la baisse des réserves des pays producteurs de l'or noir laisse planer, en effet, le doute sur la capacité réelle de ces pays de répondre à la demande croissante de l'or noir qui pourrait dépasser les «100 dollars», dans les prochaines semaines ou mois. Ce train haussier pourrait durer encore plus, si l'Iran ne revient pas sur le marché au cours de cette année et si la Libye et le Nigeria ne retrouvent pas leur niveau de production habituel. La baisse de production de ces deux pays a profité à l'Arabie saoudite et on peut même dire à l'Algérie qui envisage de relancer ses investissements pétroliers en Libye. Augmenter sa production de gaz et investir dans la production de l'aluminium si les producteurs russes de ce produit et ceux du gaz seraient sanctionnés. Le pays peut également tirer avantage de la crise ukrainienne pour négocier de nouveaux contrats de livraison de gaz naturel vers l'Europe. Le Qatar a déjà sauté sur l'occasion. Il planche avec les Etats-Unis sur les livraisons en gaz liquide si la Russie exécute ses menaces de priver ses clients européens de gaz. Sous tension, les cours du gaz pourraient connaître à leur tour de nouveaux sommets. Un marché très attrayant à investir par l'Algérie qui, certes, devra fournir plus d'effort pour pouvoir alimenter d'autres clients en gaz naturel, en plus de ses partenaires traditionnels. La crise géopolitique autour de l'Ukraine et l'offre limitée de l'or noir et du gaz sur le marché propulsera les prix du pétrole et du gaz au sommet. Cette hausse pourrait avoir un effet boomerang. Les prix du carburant aussi risquent d'atteindre de nouveaux plafonds, affectant le secteur des transports, des industries manufacturières et la production de l'électricité. L'inflation s'abattra sur tous les pays du monde et fragilisera davantage les pays à faibles revenus ou ceux dépendant de la rente à l'instar de l'Algérie qui connaît depuis des mois une inflation cyclique qui échappe à la logique de l'offre et de la demande. Des pénuries de produits de base engendrent une hausse sans précédent des produits de large consommation, tels que le lait, les pâtes alimentaires, le sucre... L'Algérie n'est pas le seul pays à être frappé de plein fouet par l'inflation, les Etats-Unis se battent contre phénomène depuis des mois. Washington se met en ordre de bataille pour venir à bout de cette inflation qui menace la stabilité sociale et économique du pays. C'est devenu le seul ou même principal objectif du Président américain Biden qui met en garde les pays producteurs de pétrole sur l'impact de la baisse de la production sur l'investissement et l'économie mondiale. L'Opep+ reste indifférente à cet avertissement et refuse d'ouvrir plus ses vannes par prudence. Selon de nombreux experts «l'informel devrait ajouter 400.000 barils par jour supplémentaires à ses quotas existants en mars», ce qui conforterait une tendance haussière à plus long terme.