Une grève surprise a paralysé, hier matin, pratiquement à partir de 6h, toute activité au niveau de presque l'ensemble des gares du pays. Au niveau de Constantine, aucun train de marchandises ou de voyageurs, ni autorail n'a circulé. C'est un débrayage soudain et spontané des travailleurs qui a surpris tout le monde, aussi bien le syndicat des cheminots, les usagers du train, que l'administration. « Il s'agit essentiellement de revendications salariales qui sont à la base de cette grève surprise », selon les dires de plusieurs travailleurs rencontrés à proximité de la gare centrale de Constantine. Aussi il est reproché à l'entreprise nationale «d'ignorer superbement ses travailleurs alors que ceux de toutes les autres entreprises économiques du pays aussi bien étatiques que privées, viennent de bénéficier d'augmentations allant de 20 à 25%», disent-ils. Et d'ajouter «ce qu'on sait, est que notre fédération a signé des accords avec la direction de l'entreprise en vertu desquels toute idée d'augmentation des salaires ne pourrait se faire qu'à partir de 2011, et si la situation financière de l'entreprise le permet. Cela est inacceptable et nous revendiquons des augmentations immédiates !», ont-ils clamé. La réponse du syndicat est venue par le biais de M. Benzitouni Fayçal, membre du bureau fédéral, qui a déclaré que « tout ce qui vient des travailleurs est pris en charge par le syndicat, pourvu que cela soit légitime. Et dans le cas présent, on ne peut pas dire le contraire, vu les conditions de travail et la situation sociale des cheminots qui sont très difficiles». Ce syndicaliste déclare également avoir appelé, « en tant que représentant des travailleurs », le secrétaire général du syndicat à Alger, pour prendre toutes ses responsabilités face à ces revendications et à cet arrêt de travail. Du côté de la direction régionale ferroviaire (DRF), aucun des responsables n'a souhaité s'exprimer, « dans l'attente d'instructions de la direction générale ». Un communiqué, rédigé à l'occasion du 1er Mai, et placardé au niveau de la gare ferroviaire, n'aborde la question de l'augmentation des salaires « que sous l'angle de la situation financière de l'entreprise laquelle, dans les conditions actuelles, ne permet pas d'envisager immédiatement cette éventualité ». C'est la même réponse en ce qui concerne la circulation des trains de voyageurs, mais « il est fort probable que les responsables de tous grades vont prendre en charge au moins les trains de grandes lignes » Toujours est-il que cette grève soudaine a jeté les usagers des trains de banlieue vers les bus et les taxis. A noter enfin que selon certains des grévistes, « l'arrêt de travail aurait paralysé toute la SNTF », confirmation qui n'a pu être obtenue par la direction générale de cette entreprise, impossible à joindre par téléphone. Aucune indication n'a été donnée sur la durée du mouvement de grève que les travailleurs ont qualifié d'«ouvert». Intervenant lors d'un point de presse animé, hier, à Alger, Noureddine Dekhli, directeur des ressources humaines de la SNTF, a déclaré que l'appel à la grève a été suivi à moins de 40% au niveau national. «A 13h nous avons enregistré un taux de suivi de moins de 40% avec des variations d'une région à une autre», a relevé M. Dekhli cité par l'APS. Selon le même responsable, aucune plate-forme relative aux revendications des grévistes n'a été transmise à la direction générale de l'entreprise. Il précise toutefois que «nous avons su qu'il est question de bénéficier d'augmentation de salaire inscrite dans le cadre des conventions de branches initiées récemment». M. Dekhli qualifie le mouvement de grève d'»illicite, décidé sans préavis et sans même l'aval de la Fédération nationale des cheminots». Interrogé sur les raisons qui entravent une augmentation des salaires au sein de la SNTF, M. Dekhli a expliqué que «l'entreprise connaît une situation financière difficile et se trouve dans l'incapacité, pour le moment, de satisfaire les revendications de ses 10.000 travailleurs en matière d'augmentation de salaires». Il a relevé qu'une augmentation de 20% des salaires a déjà été décidée conjointement par la direction générale et le partenaire social, dont 16% ont été appliqués en septembre 2009 et 4% le seront en novembre 2010. Concernant l'impact du mouvement de grève sur le trafic ferroviaire, le DRH de la SNTF a relevé que le taux d'annulation des trains a atteint les 33% pour les dessertes Alger-régions ouest et 50% pour celles des régions est. Dans ce contexte, M. Dekhli a tenu à préciser qu'en cas où le mouvement de grève persisterait, la direction générale de la SNTF a prévu un service minimum.