A première vue, le travail a repris son cours normal à la maternité du CHU de Constantine, a-t-on pu constater hier. Et la première chose que nous avons remarquée est toujours cette affluence nombreuse des parturientes et, surtout, de leurs proches parents qui viennent de partout, aussi bien de l'intérieur de la wilaya que de toutes les régions des wilayas limitrophes. Rencontré devant la porte de la maternité, un vieil homme, dont la fille venait d'accoucher et qui attendait l'heure de la visite de 13h30, nous a déclaré qu'il était venu de Sidi-Khelifa, dans la wilaya de Mila. «Parce que à l'hôpital de Mila, il n'y a rien, même pas des sages-femmes à la maternité», a-t-il affirmé. Venu de Sigus, dans la wilaya d'Oum El-Bouaghi, un mari qui se trouvait dans le même cas a déclaré que les gens de son village ont de tout temps eu recours à la maternité de Constantine parce que les autres structures médicales de la région «n'ont rien et surtout pas de personnel médical qualifié», a-t-il soutenu. Et les autres personnes, venues de Hamma Bouziane, Zighoud Youcef et Aïn Abid, disent la même chose, «malgré que la maternité du CHU de Constantine n'est plus ce qu'elle était, surchargée, voire asphyxiée par le flux important des patientes, mais on continue toujours à lui faire confiance et avoir plus de chance de ne pas perdre nos bébés». Surcharge, le mot est lâché. Tout vient de là. C'est le mot qu'on trouve dans toutes les conversations et les rares confidences que nous parvenons à obtenir du personnel de la structure qui ne se montre pas très bavard avec la presse. Le phénomène de la surcharge, qui fut à l'origine de la protestation publique qu'ils ont organisée le 1er avril dernier, n'est pas près de disparaître, nous ont-ils confié. «Parce que nous étions à un tel point de stress et de tension accumulés qu'on ne pouvait pas ne pas crier basta ! Nous n'en pouvons plus». C'est pourquoi le nouveau staff dirigeant du CHU n'a pas cessé dès lors de multiplier les prises de contact avec le personnel de la maternité pour apaiser la tension. Et nous avons appris que la veille, mardi 15 avril, une réunion présidée par le directeur général de l'hôpital, M. Brachia, accompagné du secrétaire général du CHU, s'était tenue dans la structure et avait rassemblé le personnel médical et paramédical de la maternité et le personnel de soutien. «Elle nous a permis d'écouter tout le monde et de pouvoir recenser leurs problèmes pour faire une analyse de la situation générale», nous dira ensuite M. Boukria, secrétaire général, selon lequel les contacts vont être multipliés avec le personnel de cette structure pour la prise en charge de leurs problèmes quotidiens et leurs préoccupations professionnelles. «A la maternité, c'est évident, a-t-il reconnu, il y a un manque de personnel, notamment au niveau de la gynécologie car des agents de ce service ont pris dernièrement une retraite méritée. Néanmoins, la DG va mettre en place une nouvelle organisation, doter la structure en instruments. D'autre part, nous avons engagé un travail de coordination avec la direction de la santé qui se chargera de demander aux wilayas limitrophes de limiter les orientations des patientes vers la maternité de Constantine aux seuls cas nécessitant vraiment des soins hautement spécialisés». Revenant au problème de la surcharge de travail que connaît la maternité, M. Boukria reconnaîtra que le phénomène est réel et ne date pas d'aujourd'hui. Et, comme chacun le sait, il est causé par les orientations des patientes provenant des wilayas limitrophes, «des orientations quelques fois exagérées», a-t-il estimé. Ajoutons à cela la fermeture de la maternité de Sidi-Mabrouk pour travaux dont les activités ont été transférées à l'hôpital d'El-Khroub. «Aussi, plutôt que de se déplacer à El-Khroub, les gens préfèrent venir ici», dira encore M. Boukria qui exhiba, à titre d'illustration de la masse de travail à laquelle fait face cette maternité, des chiffres montrant que celle-ci a réalisé en 2013 plus de 15.000 accouchements. Elle compte 137 lits occupés H/24 par les parturientes. «En obstétrique, on trouve fréquemment deux, jusqu'à 3 parturientes par lit. Et on ne peut pas faire autrement». Ce qui fait que le taux d'occupation au service accouchement dépasse les 100%. Ajoutez à cela que les accouchements par césarienne sont très nombreux et que l'opération prend beaucoup de temps en mettant à rude épreuve les nerfs du personnel qui travaille sous le stress permanent. Et, bien entendu, cette situation provoque beaucoup de tensions». Il promettra néanmoins que la nouvelle direction est décidée à prendre en main cette structure et à régler graduellement ces problèmes.