Corruption, blanchiment d'argent, trafic d'influence, passation de marchés contraires à la réglementation, utilisation de la fonction et conduite d'un groupe criminel organisé transnational et association de malfaiteurs. Ce sont là les accusations portées par le juge d'instruction du pôle judiciaire près le tribunal de Sidi M'hamed. Des accusations pour lesquelles des mandats d'arrêt internationaux ont été lancés il y a deux semaines à l'encontre de l'ex-ministre de l'Energie et des mines, Chakib Khelil, ses deux enfants et son épouse. L'ex-ministre avait reçu une convocation de la justice algérienne pour être auditionné. Mais au lieu d'y répondre, il s'est contenté d'adresser une correspondance au juge d'instruction l'informant qu'il se trouvait aux Etats-Unis, malade et que son médecin traitant lui avait prescrit un repos de deux mois. Ce délai écoulé, Chakib Khekil n'a pas jugé utile de se mettre à la disposition de la justice algérienne. Sachant pertinemment qu'aucune procédure d'extradition ne saurait être exécutée contre lui ou sa famille dès lors qu'il a la nationalité américaine. Et ce n'est un secret pour personne qu'aucun pays n'extrade son citoyen vers un autre Etat. M. Zermati : « Nous avons découvert des comptes dans tous les continents ». A la question de savoir pourquoi l'ex-ministre n'a pas été inculpé et mis à la disposition de la justice alors que ses deux résidences d'Alger et d'Oran ont été perquisitionnées, M. Zermati, procureur général à la cour d'Alger, a indiqué que ce n'est qu'après que les commissions rogatoires avaient été émises et leurs résultats parvenus au juge d'instruction que la justice lui a signifié son inculpation pour les faits cités plus hauts. M. Zermati n'a pas été avare en informations. Ainsi, l'on saura que contrairement à ce qui a été publié, il n'y a pas eu 20 mandats d'arrêts internationaux lancés, mais 9. Dont 4 de la famille Khelil, Farid Bedjaoui et 4 particuliers ayant servi d'intermédiaires pour les contrats au profit de Saipem. L'on saura également qu'au total, 22 personnes sont inculpées dans cette affaire de Sonatrach 2, dont Saipem et Orascom industrie (sous-traitant). Revenant sur le développement de cette affaire, M. Zermati a déclaré : « Nous sommes face à un véritable réseau organisé spécialisé dans le versement de pots-de-vin. Les transactions se faisaient à travers des techniques bancaires extrêmement complexes » Et d'ajouter : « Nous avons découvert des comptes dans tous les continents ». M. Zermati citera entre autres l'Asie, l'Europe, le Moyen et Proche orient. C'est-à-dire, précisera-t-il, « les Emirats Arabes Unis, le Liban, Singapour, Hong Kong, la France, la suisse, l'Italie. » Les enquêtes ont également révélé que l'argent de la corruption a été blanchi dans l'achat des biens immobiliers.