La trêve, qui avait épargné de ses secousses le front social pendant le mois de Ramadan, est bel et bien finie. Les syndicats, qui avaient promis de donner de la voix après la fête de l'Aïd, sont au rendez-vous. En effet, la Coordination syndicale, qui regroupe plusieurs syndicats autonomes, doit tenir aujourd'hui à Alger (probablement au siège du SNAPAP à Bab Ezzouar) une réunion de consultation. «Cette réunion, dont nous avions arrêté le principe avant la rentrée sociale, sera pour nous l'occasion de faire une évaluation de la situation sociale», expliquait Larbi Nouari, le numéro un du Cnapest, un des fers de lance de ce regroupement syndical. Si, pour le moment, l'appel à une grève générale est exclu, dans l'immédiat, la possibilité de voir la Coordination opter pour une action, en guise de mise en garde pour le gouvernement, n'est pas à écarter à l'issue de cette rencontre. Pour rappel, la Coordination, qui avait à son actif nombre d'actions de protestation par le passé, est composée des principaux syndicats autonomes de l'Education, de la Santé et de la Fonction publique. Mais ce sont surtout les syndicats de l'Education qui se trouvent aujourd'hui à la pointe de la protesta dans la mesure où leurs revendications, qui font quasiment l'unanimité entre eux, sont mûres. En tête de ces revendications, on retrouve la question du régime indemnitaire. Il y a eu des réunions avec le ministre de l'Education et les syndicats avaient fait connaître leurs propositions, mais pour le moment point de réponse de la part de la tutelle. Le CNAPEST, l'UNPEF et le CLA considèrent cela comme une «fuite en avant», puisque ces syndicats pensaient pouvoir finaliser le dossier en exigeant un effet rétroactif à partir de janvier 2009. Histoire de dire à Benbouzid qu'ils ne font pas dans l'esbroufe, ces syndicats ont déjà individuellement donné le ton, le CLA en boycottant la rentrée scolaire, les adjoints d'Education en débrayant le jour même de la reprise des cours, et le CNAPEST en optant pour une grève le 5 octobre prochain, à l'occasion de la Journée nationale de l'enseignant. Les syndicats hors Education, pour leur part, focalisent sur leurs statuts particuliers qui ne sont pas encore examinés par le Gouvernement. A cet activisme des syndicats automnes, qui entendent surfer sur la vague de ras-le-bol social, causée par la suppression des crédits à la consommation et l'augmentation de la plupart des produits d'importation, répond un silence assourdissant de l'UGTA qui se retrouve, encore une fois, assis entre deux chaises: celle de sa base qui veut le voir se battre et celle du Gouvernement qui veut le voir jouer au sapeur-pompier, faute de pouvoir répondre aux attentes salariales des travailleurs. Il y a évidemment cette tripartite pour absorber un tant soit peu la tension sociale mais, comme conviennent nombre d'observateurs, elle risque d'accoucher d'une … souris. A peine pourra-t-elle aboutir à un réajustement symbolique du SMIG.