J'avais réellement l'impression d'avoir péché. D'avoir péché grave. D'avoir commis le pire des péchés en plein mois de ramadan. Et j'étais prêt à toutes les repentances pour réparer mon énorme faute. Car elle ne pouvait être qu'énorme, cette faute, à voir la mine déconfite du fonctionnaire, à reluquer son air abattu. Mais qu'est-ce qui m'a pris d'entrer dans cette poste et de dire au préposé aux DAB, les distributeurs automatiques que l'un de appareils, suite à une erreur de manipulation avait avalé ma carte et que je voulais la récupérer ? J'avais la très nette impression que je demandais à l'homme d'escalader la pente nord de Lalla Khadîdja sans cordes, sans piolets et sans crochets. Du coup, il me dévisageait d'un air ahuri avant de finalement lâcher : « et si j'ai bien compris, tu voudrais que j'aille dans la réserve, à l'arrière des bureaux, que j'ouvre l'appareil et que je te récupère ta carte, c'est çà ? » J'ai osé un dernier outrage envers ce pauvre homme. A sa question, j'ai répondu « oui ! ». Je crois que c'est là qu'il a définitivement craqué. Allez ! A samedi ! [email protected]