Les révolutions arabes peinent à sortir du noir vers la lumière, de la privation des libertés vers des horizons heureux qui n'ont existé que dans les rêves des intellectuels. Voilà deux ans que les sociétés tunisienne et égyptienne battent le pavé pour se faire entendre et porter leur voix au-delà des frontières comme un appel au secours à la communauté internationale et à certains pays plus ou moins impliqués. Mais la pièce est programmée et se joue sur les tréteaux, scène après scène, sans que personne ne puisse toucher au texte tout juste écrit et déjà sacré. La spontanéité de ces mouvements de révolte menés contre l'ordre établi par des citoyens sincères, pauvres ou en dehors du sérail, s'est retrouvée prise au piège tendu par ceux qui attendaient, depuis des années, de tirer les marrons du feu. Les islamistes, car c'est d'eux qu'il s'agit. Il faut rappeler que l'étincelle qui a déclenché ce qui a été appelé “révolution du Jasmin" est un simple, vendeur ambulant, apolitique qui a été vite suivi par une société civile composée de syndicalistes, d'enseignants et d'avocats. Les premiers occupants de la place Tahrir étaient dans leur grande majorité des jeunes ouverts sur le monde par le canal des réseaux sociaux avant d'attirer vers eux une population d'intellectuels. Le rêve a été de courte durée et a été détruit. Les islamistes d'Ennahda en Tunisie et les Frères musulmans en Egypte tenus aux aguets sont sortis au moment propice pour cueillir le fruit mûr de l'arbre qui tendait ses branches. Du discours mielleux qui a servi à amadouer les crédules et les observateurs étrangers, ils sont passés aux actes avec violence où le mot démocratie n'était que paravent trompeur. Pensant jouer sur le temps et l'effet de surprise par leurs victoires aux élections législatives pour la Tunisie et présidentielle pour l'Egypte, les tenants du nouveau pouvoir, tout aussi dictatorial que l'ancien, font du forcing pour adopter la loi fondamentale selon leurs visions et repères, avec toujours cette référence à la charia. Comme s'il pouvait exister un islamisme modéré ou oser prétendre ériger un pouvoir sur le modèle turc. Les dictatures et le système de gouvernance arrivés par la force ou cooptation aux lendemains des indépendances avec leur déprédation et dépravation sont responsables de la misère de leur peuple, devenu malgré lui, l'otage de cet islamisme de façade. O A [email protected]