Le secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, exalte le multilatéralisme et un monde où la force découlerait de la loi et non l'inverse, dans une nouvelle condamnation à peine voilée de la politique irakienne des Etats-Unis. “En ces temps difficiles, les Nations unies sont l'indispensable maison commune de la famille humaine tout entière”, dit-il dans son discours d'ouverture du débat annuel de l'Assemblée générale de l'Onu, 30 minutes avant l'intervention du président américain George W. Bush avec qui il est en désaccord sur la guerre en Irak. Selon le texte de cette déclaration distribué à l'avance à la presse, M. Annan affirme : “Plus que jamais, le monde a besoin d'un mécanisme efficace par lequel il puisse chercher des solutions communes à des problèmes communs. C'est pourquoi cette organisation a été créée. N'allons pas imaginer que si nous n'en faisons pas bon usage nous trouverons un autre instrument plus efficace.” Citant des extraits du code d'Hammourabi, qui régnait il y a trois millénaires sur ce qui est aujourd'hui l'Irak, il qualifie cet antique recueil de lois d'“étape essentielle dans la lutte de l'humanité pour construire un monde où, au lieu que le droit découle de la force, la force découle de la loi”. “Cette Organisation, vos Nations unies, est fondée sur le même principe”, dit-il à l'adresse de l'Assemblée. M. Annan déplore qu'“aujourd'hui, l'Etat de droit soit en danger dans le monde (...) des lois fondamentales soient honteusement ignorées, comme celles qui imposent le respect des vies innocentes, les civils, les personnes vulnérables, en particulier les enfants”. À l'appui de ses dires, il cite le Darfour, l'Ouganda, le récent drame de Beslan en Russie, mais aussi l'Irak, où “des civils sont massacrés de sang-froid, des humanitaires, des journalistes et autres non-combattants sont pris en otages et exécutés de manière barbare” et où “on a vu des prisonniers irakiens victimes d'exactions scandaleuses”. M. Annan déplore aussi qu'“en Israël, des civils, dont des enfants, sont délibérément pris pour cible par les kamikazes palestiniens et en Palestine des maisons sont détruites, des terres confisquées et des victimes civiles inutilement causées par l'utilisation excessive de la force par Israël”... M. Annan, dont le mandat à la tête de l'organisation mondiale s'achèvera en 2006, conclut en s'engageant à faire d'ici-là sa priorité du renforcement de l'Etat de droit à travers la planète. La semaine dernière, M. Annan avait qualifié la guerre en Irak d'“illégale" car déclenchée sans l'aval des Nations unies, s'attirant immédiatement les foudres des Etats-Unis et de leurs principaux alliés sur place. K. A. / Agences