Au commencement, il y avait la jungle. Non pas celle décrite par Rudyard Kipling dans son Livre de la jungle, ni le théâtre d'une des fables de Jean de La Fontaine, mais la jungle telle qu'elle a été conçue pour la première fois. C'était un vaste (...)
Le paresseux a pris du galon. Il s'est métamorphosé.
Ce n'est plus cet ouvrier qui traînait la patte dans un chantier, ni ce flemmard, père de famille, qui se levait tard pour chercher du boulot, et encore moins cette mère qui oubliait de donner la (...)
«Au voleur !» crie une voix par-dessus la cohue du marché.
Aussitôt, les bruits s'estompent, et les clients, surpris, s'interrogent du regard. S'ensuit alors une bousculade, puis une agitation fébrile rompt le silence. Par-ci, par-là s'élèvent des (...)
L'étymologie de guezzana vient de Tzigane, une jeune femme étrangement belle qui abordait les passants pour leur lire les lignes de la main. La diseuse de bonne aventure, qui parcourait autrefois le pays avec sa tente et son cheval, a subitement (...)
«Que reproche-t-on à l'avare ? Son amour de l'argent ! Où est le mal s'il le gagne honnêtement, à la sueur de son front ou en usant de son savoir ? Il est donc libre d'en jouir à sa guise en le dépensant parcimonieusement ou en le jetant par les (...)
Fatna est ma voisine du deuxième étage. Même après sa retraite sans pension (son activité n'étant pas couverte par la sécurité sociale), les gens l'appellent encore Fatna Dallala. Dlala ou Dallala, un gagne-pain qu'autrefois certaines femmes (...)
C'est une étrange histoire que m'a contée Daouïa. La morale de renoncement qui s'en dégage renseigne bien sur l'état d'esprit des nôtres pendant les années quarante. À l'époque, les gens mouraient de faim et de maladies, et les plus téméraires se (...)
Les flemmards et les tire-au-flanc ! Il y en a des tas. Des types qui ont un travail et se complaisent dans l'indolence et l'inertie. Ils se lèvent las pour aller au boulot, une corvée dont ils respectent tant bien que mal la durée juste pour (...)
Il était dix-huit heures trente quand j'ai franchi en ce lundi 25 mai la porte de «l'Oranaise», une crémerie située à l'angle du croisement de la rue Monge et du Front de mer. A l'intérieur, des clients épars savouraient des glaces et des boissons (...)
C'est le branle-bas de combat dans la rédaction du journal. Et pour cause, tôt le matin, une rumeur persistante, entretenue par des milieux généralement bien informés, s'est propagée dans le pays. Des chaînes privées ayant relayé l'info ont même (...)
Daouïa est synonyme de lumière, et c'est aussi le prénom de ma voisine du rez-de-chaussée.
Née voilà plus de quatre-vingts ans, elle garde encore le pas alerte et l'esprit éveillé autant sinon mieux qu'une sexagénaire en possession de ses (...)
La quarantaine passée, Settoute, la veuve d'El Mounchar, sortait du même moule que son défunt mari. Elle aussi ne me portait pas dans son cœur. Chaque fois que je la croisais dans le hall, elle me plantait son regard dans le visage comme si j'étais (...)
Transportée par le téléphone arabe, Galou (ils ont dit...), la nouvelle de la mort d'El Mounchar a vite fait le tour du quartier ; et la question — comment est-ce arrivé ? — revenait sur toutes les lèvres. Des réponses aussi évasives que (...)
Ce matin, en sortant de chez moi, je tombe sur El Mounchar, mon voisin de palier. C'est un vrai assommoir, le genre d'homme insatisfait qui, à tort ou à raison, passe son temps à médire de ses semblables. Il n'arrête d'ailleurs pas de râler en (...)